« Chère tante… »
Observation topographique du dossier pénal, fixée 15 ans après le crime, accompagnée des déclarations des suspects au commissariat. S’ensuit la nuit où les auteurs du crime se sont rencontrés.
Avec Belonging (Aidiyet), Burak Çevik offre un film qui se promène sur la fine ligne entre documentaire et fiction. Il nous raconte le meurtre de sa grand-mère, réalisé par sa tante…
La première partie du film, la meilleure des deux, se concentre sur le témoignage d’un meurtrier. Ce qui n’est pas clair, par contre, c’est que ce sont la tante du réalisateur et son amoureux qui ont tué la grand-mère du réalisateur. Comme quoi chaque famille a ses squelettes dans le placard.
Cette première partie, donc, est une narration dans laquelle le narrateur lit la déclaration du conjoint. Sur ce texte, Çevik appose des images qui mettent en place un contexte. Mais, comme cela n’est pas tout à fait clair, on se retrouve dans un magnifique film abstrait dans lequel on nous raconte un crime horrible.
Puis vient la deuxième partie du film. Celle-là, elle gâche tout…
Après ce magistral début, on se retrouve avec une reconstitution de ce qu’aurait potentiellement été la rencontre entre la tante de Çevik et son complice. Mais c’est tellement long qu’on en vient à se tanner. Et à simplement avoir hâte à la scène de sexe qui a occupé leur première nuit. Scène qui, en plus, ne vient jamais.
Cette rencontre, en plus d’être ennuyante, est tout simplement ce que le réalisateur imagine de cette soirée.
En effet, après avoir ramassé toute la documentation possible sur le cas, Çevik a rempli les trous. « The only thing we really know about that night is that they met, had sex and talked. That’s it. » [La seule chose que nous savons vraiment de cette nuit est qu’ils se sont rencontrés, fait l’amour, et ont parlé. C’est tout.]
La première partie relate les faits que nous connaissons. La deuxième, elle, est une fiction qui raconte la rencontre de deux personnes. Mais cette partie fictive ne rend pas justice à l’histoire de ce crime mystérieux. Pourquoi, tant qu’à imaginer ce qui s’est passé, le cinéaste ne va pas plus loin que cette première nuit où, soyons honnête, rien de vraiment intéressant ne s’est déroulé?
Avec cette trop longue partie, on abandonne et on a envie de passer à autre chose. Dommage, car après 20 minutes j’étais complètement sous le charme.
Il y a une différence entre ce que le public sait et ce qu’il voit. Ils savent ce qui va arriver, mais ils assistent à une douce rencontre. Ça, c’est ce qui est intéressant dans la seconde partie. Malheureusement, ce que le réalisateur voulait (créer une ambivalence entre le jugement que l’on pose sur ce couple méchant et le joli couple qui se rencontre) ne se produit pas vraiment.
Au final, Belonging est plus un film ennuyant qu’intriguant. On passe au suivant…
Note : 6/10
Belonging est présenté aux RIDM les 16 et 19 novembre 2019.
Visionnez la bande-annonce :
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