« Mais moi je ne suis ni Canadienne ni Québécoise. »
Ce documentaire suit le parcours de la poète, comédienne et militante innue, Natasha Kanapé Fontaine, à un moment charnière de sa carrière d’artiste engagée. Pour guérir de la blessure du racisme, Natasha s’est réapproprié sa langue innue et prend la parole dans les médias. Les mots lui font retrouver ses racines et lui insufflent la force pour briser les préjugés. Alors elle engage la conversation. Et au fil de celle-ci, elle questionne ce besoin d’autodétermination, pour elle, mais aussi pour les Autochtones d’ici et d’ailleurs.
Dans Nin e Tepueian (Mon cri), qui a ouvert cette année le festival Présence autochtone, Santiago Bertolino montre les différentes activités auxquelles Natasha Kanapé Fontaine prend part durant une année.
Malheureusement, il y a peu à ajouter sur le sujet du film. Le film ressemble davantage à un collage de vignettes tirées de la vie de Natasha Kanapé Fontaine qu’à un documentaire avec un fil conducteur réfléchi. On se croirait dans la série de livres pour enfants Martine… Le film commence avec la pièce de théâtre Muliat: on voit les répétitions, les entrevues données à Radio-Canada, une représentation et même le démontage. On la suit ensuite dans les différentes performances, lectures de poésie ou festivals auxquels elle a participé. Le problème, c’est qu’on passe de l’un à l’autre sans tisser un véritable lien entre les segments. À plusieurs moments, on se demande même pourquoi certains extraits, sans intérêt, ont été conservés au montage.
Ce qui peut faire office de fil conducteur, néanmoins, est évidemment l’activité militante de Natasha Kanapé Fontaine. On comprend très clairement, en regardant Nin e Tepueian (Mon cri), qu’elle a une volonté incroyable de partager la culture et la langue innue. Malheureusement, le documentaire ne remplit pas ce mandat. Hormis les quelques moments où on a pu entendre la musicalité de la langue innue, je n’ai pas l’impression d’avoir appris quoi que ce soit sur la culture de ce peuple en écoutant le film. C’est dommage, parce qu’il me semble que ça aurait été une belle occasion de la partager. Et le problème relève à mon avis en partie de la réalisation du documentaire: le choix de ne pas sous-titrer les segments en innu, par exemple, contribue à laisser le spectateur sur sa faim.
Finalement, le fil conducteur du documentaire semble presque : « les bons coups de Natasha Kanapé Fontaine ». C’est un peu sur le mode de l’éloge de la personne que se déroule ce film… Qui pourtant donne une image un peu opportuniste de la poète. On la voit clamer haut et fort constamment qu’elle n’est pas Canadienne, mais prendre part à un festival de littérature en Slovénie où elle représente… le Canada. Je le réitère: je ne crois pas que ce documentaire a trouvé la bonne manière de diffuser la culture autochtone.
Note: 5,5/10
Nin e Tepueian (Mon cri) est présenté au festival Présence autochtone les 6 et 11 août 2019.
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