« You lied to two – no, four people! »
[Tu as menti à deux – non, quatre personnes!]
Joo-ri (Kim Hye-jun), une jeune fille ordinaire de 17 ans, découvre que son père (Kim Yoon-seok) a une liaison avec la mère de sa collègue de classe, Yoon-ah (Park Se-jin). Joo-ri et Yoon-ah essaient de les empêcher de se voir mais cela ne fait qu’empirer les choses. Et, pour couronner le tout, ils découvrent que la mère de Yoon-ah, une mère célibataire (Kim So-jin), est enceinte. Bientôt, toutes les personnes impliquées sont confrontées à ce cercle de conflits et elles doivent toutes se battre pour surmonter leurs propres difficultés.
Avec Another Child (Mi-seong-nyeon), Kim Yoo-seok pose un regard sur les effets de l’adultère sur 2 familles. Un film qui nous présente 5 personnages, sans jugement : sans gentils, sans méchants. Car la réalité n’est jamais toute noire ou toute blanche.
Ce que montre Another Child avec justesse, c’est comment une relation adultère peut avoir des répercussions sur plus d’une ou deux personnes. C’est en suivant les deux adolescentes qu’on découvre, tranquillement, comment cette relation chamboule 5 vies. On pourrait possiblement dire 6, même.
Les deux jeunes filles commencent par se détester. Pour elles, cette relation a une incidence directe sur leur bonheur. Un enfant, peu importe son âge, n’imagine jamais que ses parents pourraient se tromper, ou être impliqués dans une relation adultère. Pourquoi un parent voudrait briser une famille? Kim (le réalisateur) développe la psychologie de ses personnages avec profondeur et justesse. Et, juste au moment où on voudrait haïr les parents, le rythme change et le point de vue aussi.
Il y a cette mère célibataire qui espère pouvoir, elle aussi, avoir sa famille, et élever son enfant à venir (oui, elle attend un bébé de son amant) en couple. Ce qu’elle n’avait pas pu vivre la première fois non plus, car son copain de 17 ans s’était poussé lorsqu’il avait appris qu’il serait père.
Et il y a cet homme qui a une vie sans saveur. Il n’est plus heureux, mais ne sait pas trop comment retrouver le bonheur. Il passe son temps à travailler. Lorsqu’il ne travaille pas, il est avec sa maitresse. Cette femme qui lui donne le peu de bonheur qu’il réussit à trouver. En tout cas, c’est ce qu’il croit.
Puis, il y a la femme trompée… Celle qui voit son mari dormir dans une autre pièce depuis 2 ans. Elle non plus n’est pas heureuse. Mais elle a abandonné la partie.
Toutefois, lorsque la relation entre le père de famille et la mère célibataire éclate au grand jour, chacun n’aura d’autre choix que de réaliser l’étendue du marasme dans lequel sa propre vie est plongée depuis trop longtemps. Les jeunes filles voient leur monde éclater. La mère célibataire s’aperçoit que son idylle est peut-être moins paradisiaque qu’elle ne l’imaginait. Le père réalise qu’une histoire d’amour ce n’est pas pareil quand tu abandonnes les tiens pour la vivre. Et la pauvre épouse se rend compte que c’est bien beau de vouloir changer de vie, mais que la réalité est souvent beaucoup plus complexe qu’une carte de crédit partagée. Surtout si cette carte n’a pas ton propre nom dessus!
En commençait à regarder Another Child, je m’attendais à un petit film cute. Un genre de comédie dramatique avec la méchante épouse qui se fait enfin laisser par un pauvre mari triste et mal traité… Oh que j’ai été surpris.
Ce film montre avec exactitude comment chaque personne peut vivre ce genre d’événement; c’est frappant. Ce film est vraiment touchant, mais sans le petit côté mélodramatique qu’on voit souvent. Chaque personnage est à la fois un gentil et un méchant. Chaque personnage a ses moments où on veut le détester. Puis, on comprend ses agissements.
Petites adolescentes trop gâtées! Ben non! Salaud qui trompe sa femme et qui part avec une autre! Pas si simple. Petite pute qui vole le mari d’une pauvre femme! Vraiment? Pauvre petite femme naïve qui ne voit pas que son mari la trompe! Pas si évident…
Et il y a le bébé. Ce petit être innocent qui provoque, lui aussi, un chamboulement pour ces 5 personnages. On le dit : un bébé, ça change une vie. Et ici, pas seulement pour une ou deux personnes. Qui en sortira grandit? La réponse se trouve dans la réalité…
Another Child commence par un incident assez singulier, qui touche deux familles. Mais plutôt que de se concentrer sur l’incident, l’aventure extraconjugale elle-même, le réalisateur examine la réaction des adultes et des enfants qui tentent de faire face à la situation, rendant le film unique.
En suivant les 5 personnages, le public est confronté à cinq préoccupations très différentes, bien que soulevées par un seul incident. Parfois, les adultes n’agissent pas vraiment en adultes et, parfois, les enfants, qui ne sont plus si jeunes, nous incitent à réfléchir au sens des mots « adulte » et « enfant ». Le réalisateur décrit le film en ces termes : « A film that floats like a butterfly and stings like a bee. » [Un film qui flotte comme un papillon et pique comme une abeille.] Je dirais doux-amer.
Note : 8/10
Another Child est présenté au festival Fantasia les 14 et 20 juillet 2019.
Visionnez la bande-annonce :
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