Mathieu (Jules Benchetrit) traîne dans les rues avec ses copains de banlieue. Ils commettent des délits mineurs, fuient la police. Mathieu est celui qui joue le rôle du père dans sa famille.
Mais Mathieu est aussi un doué du piano. Un génie. Un jour où il joue sur un piano public de la Gare du Nord, Pierre (Lambert Wilson), le directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique, l’observe, conquis par sa virtuosité. Puis, tout se bouscule, la police identifie Mathieu et part à sa poursuite.
Pierre lui évitera la prison en échange d’un séjour à son conservatoire. Mathieu est farouche, délinquant, un cheval sauvage à apprivoiser. La « comtesse » (Kristin Scott Thomas), qui s’occupera de lui pour lui enseigner le solfège par exemple, en verra de toutes les couleurs.
Le directeur, dont la réputation est fragile, croit en Mathieu et l’inscrit, au dam de ses pairs, au prestigieux concours national de musique. « Je ne ferai pas ce concours, je me casse », entend-il son protégé lui lancer à la tête.
Mathieu doit renier ses amis, ses habitudes de rue et sa liberté pour devenir celui que Pierre voit en lui. Mais il possède un talent indéniable pour le piano et il le sait. Une scène montre Mathieu qui invite Pierre, le bourgeois, à manger un kebab dans la rue et il accepte. À compter de ce moment, on les sent complices.
La date du concours approche et la tension monte au Conservatoire. Le film nous place même dans un genre de duel Mozart-Salieri, le Salieri du film étant un jeune étudiant que l’on réserve comme plan B.
Au bout des doigts de Ludovic Bernard est construit sur un plan de blockbuster américain. Un jeune paumé (qui ressemble à Matt Damon) et qui refuse son destin finit par triompher sur les plus grandes scènes. Une fin américaine aussi. Ludovic Bernard avoue dans une entrevue avoir été influencé par Good Will Hunting, justement avec Matt Damon. Il raconte qu’il a entendu un jeune jouer du piano à la gare de Bercy avant de prendre son train et qu’il a construit son scénario dans le train à partir de cet événement.
Un peu surprenant pour un film français, mais l’amateur de ce dernier style que je suis s’est fait prendre par l’émotion et l’intelligence avec lesquelles Au bout des doigts est bâti.
Un très bon film avec de grands acteurs en Lambert Wilson et Kristin Scott Thomas. Jules Benchetrit y est efficace, mais a quelques croûtes à manger avant d’accéder aux grands titres.
À voir pour l’émotion, pour la musique, pour la beauté des images soignées aussi.
Note : 9/10
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