Dès les premières mesures de Ensemble, un documentaire de Jean-Nicolas Orhon, on est plongés directement au cœur de l’Orchestre Métropolitain de Montréal. Le désordre y règne et du chaos nait la beauté.
On assiste à la construction d’un ensemble, la construction de l’interprétation d’une œuvre. Ce film amène le spectateur à saisir le travail acharné du directeur Yannick Nézet-Séguin pour arriver à faire vivre à ses musiciens ce que lui-même vit face à l’œuvre abordée. Il les amène à aller dans l’intention du compositeur et de jouer avec son âme.
Les musiciens n’ont d’autre choix que d’être constamment dans l’instant présent.
YNS est un rassembleur, un animateur, mais aussi un genre de fédérateur; il arrive à ce que tous aillent dans le même sens pour obtenir un seul résultat : l’excellence.
Le film nous montre, par contre, qu’il fait face à une multiplication d’âmes et de personnalités. De provenances diverses et de milieux étrangers les uns aux autres, Yannick Nézet-Séguin se doit d’homogénéiser ces dizaines de passionnés de la musique vers une seule musique : celle qu’il entend lui dans sa tête.
Et il réussit cette tâche; il amène ses musiciens à exceller dans des œuvres complexes comme Mahler, Bruckner, Chostokovitch, pas les Mozart, Vivaldi et Beethoven, qui sont trop faciles pour lui.
Pour Yannick Nézet-Séguin, la musique, c’est quelque chose d’organique. Ce n’est pas intellectuel, c’est une vibration cellulaire.
Le film donne aussi la parole aux musiciens. On rencontre un ancien rocker joueur de basse qui est devenu bassiste dans l’OM, une pianiste qui est aussi passionnée que son directeur, une première violon qui est née au Japon de parents québécois.
« Les mots sont souvent désappointants alors que la musique me guérit », « La Mer de Debussy, c’est plus grand que moi… », disent deux de ces musiciens. « On est ici pour vous écouter, pas pour vous regarder! », dit un professeur à un percussionniste.
Entre la fabrication de l’œuvre et sa réalisation, il y a beaucoup de travail. Le concert devient la récompense ultime. Le documentaire nous parle des auditions, il y a à Montréal, des centaines de bons musiciens, l’Orchestre Métropolitain retient les meilleurs.
L’OM a été fondé en 1981. La première année, personne n’a été payé. Yannick Nézet-Séguin a mis la barre très haute à son arrivée en 2000, la mission de l’Orchestre est d’atteindre l’excellence.
« Respirons ensemble », répète-t-il lors des pratiques. Il a ainsi formé une communauté musicale homogène qui a été récompensée par une tournée européenne, où l’on voit le ciment prendre encore davantage dans l’équipe que forment les musiciens.
« Offrir de la beauté », répond Yannick Nézet-Séguin lorsque l’on pose la question : pourquoi tout ce travail?
Ce film, sans être parfait, atteint son but, celui de nous faire saisir le travail de construction d’un orchestre, d’une œuvre et d’un concert.
Le documentaire souffre toutefois légèrement d’une facture un peu floue. Un film sur Yannick Nézet-Séguin ou un film sur l’Orchestre Métropolitain? Parfois, on perd de vue le directeur pour s’attarder à la vie d’un musicien puis un autre et parfois, on se penche davantage sur la construction de l’orchestre.
Quoi qu’il en soit, j’ai été conquis par l’authenticité du film, en tant que Québécois, nous pouvons être fiers de l’Orchestre Métropolitain de Montréal et de son directeur Yannick Nézet-Séguin.
Ensemble nous offre de la beauté!
Note : 8.5/10
Regardez la bande-annonce :
© 2023 Le petit septième