« Il y a la directrice de l’école qui a appelé. Il faut que t’ailles chercher tes enfants. »
Olivier (Romain Duris) se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura (Lucie Debay), sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.
Avec Nos batailles, Guillaume Senez brosse, avec humanisme et pudeur, le portrait d’un homme à la recherche d’un nouvel équilibre entre vie familiale et engagement syndical. Un film sur la paternité, ce que l’on voit peu au cinéma (d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une comédie).
On voit souvent, au cinéma, une mère abandonnée par le père. Mais rarement on voit l’inverse, sauf dans les comédies. Ici, Laura, la femme d’Olivier, s’en va sans en dire un seul mot avant.
Lorsqu’interrogé sur les raisons d’avoir fait ce film, le réalisateur expliquait : « Je me suis demandé comment les choses se seraient passées si j’avais été complètement seul, veuf, ou abandonné. La réponse est simple : je n’aurais pas réussi à trouver une stabilité entre ma vie professionnelle et familiale. »
En fait, Olivier n’y arrive simplement pas. Heureusement, il est bien entouré. Mais pas assez pour le résultat…
Et c’est là que le scénario pose problème. En réalité, les enfants semblent se retrouver seuls beaucoup trop souvent pour que ça semble réaliste. Surtout que deux gamins de 8 et 5 ou 6 ans ne seraient pas en mesure de si bien s’en sortir seuls comme ça. La cuisine me semble tout particulièrement problématique. Surtout que chaque fois que papa fait les repas, les enfants se retrouvent à manger des céréales.
Et ça dure plusieurs mois, ce que je n’aurais pas pu savoir si ce n’était pas mentionné à un moment. Parce que tout ça semble trop facile. Surtout en tenant compte que les deux seules personnes qui aident Olivier sont sa sœur qui vient passer quelques jours (et heureusement) et leur mère qui passe à l’occasion.
L’ajout d’un volet travail/syndicat ajoute à l’intérêt du film. Nos batailles devient plus qu’un simple drame familial. Concilier travail et famille est d’entrée de jeu très difficile lorsqu’on est deux. Alors, pour un parent seul, ça devient clairement un défi. Surtout avec un travail qui n’offre pas un horaire régulier de jour.
La réalité de plusieurs couples est occupée par des fins de mois difficiles, chacun travaille, mais leur situation reste précaire, fragile, à l’image d’un château de cartes : si l’on retire un élément, tout s’effondre. C’est ce qui arrive lorsque la mère des enfants quitte sans avertir.
Et pour tenter d’oublier ce manque, Olivier ne trouvera rien de mieux que de se lancer dans le syndicalisme. Oui, en ayant moins de temps pour lui et ses enfants, il pensera améliorer les choses. Lorsqu’on est enlisé dans une mauvaise situation, on semble parfois incapable de trouver de bonnes solutions. Et chaque chose qu’on fait dans le but d’améliorer les choses ne fait qu’empirer le tout.
Un point intéressant de Nos batailles, c’est le fait de montrer la liberté de la femme d’abandonner ses enfants. On le voit souvent dans l’autre sens, mais jamais ainsi. Elle n’est ni morte, ni en prison. Elle est partie et c’est tout. Et on n’en saura guère plus. Vlan!
Le film, dans sa texture même, entretisse deux récits : la disparition de l’épouse et le combat social d’Olivier. Mais on ne peut que réaliser que ces deux histoires sont profondément reliées.
Nos batailles nous amène, en tant qu’homme, à nous demander ce qui arriverait si l’on se retrouvait seul, avec les enfants. Et, surtout, à nous demander : « Est-ce que j’y arriverais, moi? »
Note : 7/10
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