Pervers ordinaire de Roger Boire arrive sur nos écrans par surprise. Pas de battage publicitaire, pas de grande vedette, pas de nom connu au générique. Une surprise.
Steve Jolicoeur (Martin Boileau) est un animateur radio très populaire. Le Pierre Marcotte de notre époque. Il se retrouve étendu sur son tapis de salon avec un couteau de cuisine dans le cœur. Mort.
Philippe Martel (Pier Noli) va enquêter sur le crime. C’est ça le film Pervers ordinaire. Toute l’histoire repose sur le motif du meurtre, on épluche la vie de Steve Jolicoeur, ses relations, ses maîtresses, ses tendances, son travail d’animateur, mais aussi d’auteur.
On découvre que Steve Jolicoeur était un joueur, il prenait la vie pour une cour de récréation, où son prestige social lui permettait tout ou presque. Son premier roman ayant bien marché, il était à terminer le deuxième lorsque la vie l’a quitté et c’est du manuscrit de ce deuxième roman que l’inspecteur Martel va pouvoir rencontrer les multiples intervenantes qui meublaient la vie de Jolicoeur.
Un film intelligent et bien monté, un film qui nous tient éveillés, mais aussi un film ordinaire. Ordinaire dans le sens qu’il n’apporte rien d’extraordinaire au cinéma. Les acteurs sont bons et efficaces, mais sauf Béatrice (Mariflore Véronneau) personne ne perce l’écran. L’assistante de l’inspecteur, Nathalie Gagnon (Josée Rivard), est aussi très efficace, de même qu’Alice (Marion Van Bogaert Nolasco), la première maîtresse interrogée.
Ce film s’inscrira dans la filmothèque, aux côtés d’autres films québécois comme Liste Noire, La Conciergerie ou 20h17, rue Darling. De bons films à voir, mais qui ne défoncent rien. Qui se contentent d’être du bon cinéma de divertissement sans viser la gloire au box-office ni aux galas de reconnaissance.
Je ne peux passer sous silence les quelques maladresses de la mise en scène : l’inspecteur Philippe Martel, face aux différentes suspectes qu’il interroge, sort une paire de menottes à quelques reprises, comme une menace qui devient efficace, car la suspecte finit par parler. Je ne pense pas que ce geste soit inscrit dans le manuel du bon policier.
Aussi, la scène du « meurtre » que l’on ne voit que vers la fin du film est assez tirée par les cheveux; Jolicoeur essaie d’enlever le couteau à la mère que la fille essaie aussi de dissuader d’utiliser et, de façon assez inexplicable, l’adonis se retrouve poignardé.
Peut-être parce que le film est québécois, on lui pardonne ces quelques écarts et on en ressort quand même avec l’impression d’avoir vu un assez bon policier, humain et sympathique.
Note : 7.5/10
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