« – Je m’en vais vivre avec maman.
– Tu lui as demandé si elle voulait vivre avec toi? »
Été 1990. La dictature du régime Pinochet tire à sa fin, et la population peut enfin jouir d’une plus grande liberté. Quelques familles éprises de liberté forment une petite communauté loin de la frénésie des grandes villes. Tous s’affairent à la préparation de la fête du Nouvel An. Une soirée qui s’annonce difficile pour la jeune Sofia (Demian Hernandez), dans l’attente de sa mère qui brille une fois de plus par son absence. Avec finesse et authenticité, la réalisatrice chilienne évoque la complexité des relations entre parents et ados tout en captant avec brio les premiers émois d’une jeune fille sensible, vulnérable, mais déterminée.
Avec Too Late to Die Young (Tarde para morir joven) – prix de la meilleure réalisation au Festival de Locarno – , Dominga Sotomayor dresse non seulement un portrait d’un Chili qui se cherche une personnalité, mais aussi celui du passage de l’adolescence à l’âge adulte. C’est également un regard sur sa jeunesse, et ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.
De l’aveu de la réalisatrice, ce film a pris racine lorsqu’elle a retrouvé une VHS de son enfance. Un moment marquant alors qu’elle vivait dans une petite communauté – comme celle du film – et qu’un feu de forêt les avait dévastés. Elle disait : « Too Late to Die Young is a film about growing up in a period of massive changes, and for me it has to do with the nostalgia and the demystification of a period. It’s a coming of age story, of both the young characters and a society–Chile, in a country that was aching after dictatorship. » [Too Late to Die Young est un film sur le fait de grandir dans une période de bouleversements majeurs. Pour moi, il s’agit de la nostalgie et de la démystification d’une période. C’est l’histoire du passage à l’âge, à la fois de jeunes personnages et d’une société – le Chili, dans un pays qui avait mal après la dictature.]
On sent ce côté personnel dans le film. Et on sent le réalisme, malgré que ce genre de situation semble si loin pour un Québécois. On y croit. On a même l’impression de faire partie de cette réalité.
Sofia et Lucas (Antar Machado) ont 16 ans. Grandir dans ce genre de communauté plutôt fermée ne doit pas être facile à cet âge. Et avec ces deux personnages, la réalisatrice réussit à montrer deux visions de cette réalité. Lucas semble apprécier vivre dans ce petit monde à part, alors que Sofia, elle, ne demande qu’à partir.
La jeune femme souffre d’un mal de vivre. La réalisatrice réfère à une étrange mélancolie du fait de grandir, de vieillir. En effet. Les gens ont souvent tendance à oublier à quel point l’adolescence peut être difficile.
Avec Too Late to Die Young, Sotomayor, et ses fantastiques acteurs non professionnels, offre une superbe comparaison entre la sortie du régime Pinochet et ce qui se produit lorsqu’on approche de l’âge adulte. Dans les deux cas, la liberté ressemble parfois à une prison.
Note : 8/10
Too Late to Die Young est présenté au FNC les 6 et 7 octobre 2018.
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