« Death is a sentence you’ve rightfully earned. Go with God. »
[La mort est une sentence que vous avez tout à fait méritée. Allez avec Dieu.]
Dans le couloir de la mort, 9 femmes vivent leurs derniers instants avant leur exécution. Ces destins croisés exposent alors les conséquences de ce type de châtiment, que se soit sur les détenues, leurs familles ou bien le personnel pénitentiaire qui les encadre.
Raconter à travers neuf portraits émouvants, chacun animé par une performance subtile mais percutante, Dead Women Walking d’Hagar Ben-Asher retrace les derniers jours d’une série de femmes condamnées à mort, allant de deux semaines avant l’exécution d’une détenue jusqu’à quelques minutes avant celle d’une autre. Un film marquant qui nous amène forcément à nous questionner sur la vie et les choix qu’on fait.
Dead Women Walking est monté sous forme de décompte et de sous-chapitre. Le film est divisé en 9 séquences mettant de l’avant l’histoire d’une détenue, à un moment précis de l’attente de son exécution. Le premier chapitre nous place 14 jours avant l’exécution de Donna. Et c’est 14 jours plus tard que le film se termine, avec son exécution.
Les séquences s’enchaînent ainsi : The Last Family’s Visit – 29 heures avant l’exécution – Wendy; The Last Moments On Death Row – 26 heures avant l’exécution – Helen; The Last Visit of Spiritual Guide – 25 heures avant l’exécution – Ruth; The Last Car Ride – 24 heures avant l’exécution – Dorothy; The Last Meal – 23 heures avant l’exécution – Celine; The Last Shower – 1 heure avant l’exécution – Becky; Arrival of Witnesses – 15 minutes avant l’exécution; Potassium Chloride.
Chaque séquence est extrêmement bien montée. Il n’y a aucun jugement qui est fait sur les personnages. Gentilles, victimes, monstres, méchantes… ce n’est pas important. L’accent est mis sur l’humain. La femme, son histoire. Meurtre gratuit, vengeance, défense, arrêt d’abus… il n’y a pas de différence. Ces femmes vont mourir.
Il y a peu de musique. Mais elle est placée avec précision, aux moments opportuns. Des pièces qui parlent à la place des personnages. Des chansons qui font monter l’émotion. Des œuvres qui complémentent de façon incroyable les moments difficiles que vivent ces femmes, le personnel pénitentiaire, les familles.
Je ne peux m’empêcher de mettre deux des chansons qui, pour moi, sont cruciales dans ce film. Une musique troublante des Portishead :
Et une autre d’Ori :
Dans ces murs, la notion de respect est incroyablement importante. Le respect des règles, mais aussi le respect des êtres qui les habitent. Ces condamnées à mort ne sont pas traitées comme des monstres. Mais on ne leur donne pas un « 5 étoiles » non plus.
C’est un simple respect qui va de soi. Une femme abandonnée par sa famille quelques minutes avant sa dernière visite se fait offrir un dernier moment de bonheur à jouer aux cartes avec une autre détenue qui vit aussi ses derniers moments. Des gardiens qui s’éloignent un peu pour lui permettre de vivre ce dernier moment. Les deux femmes qui profitent du moment sans causer quelque trouble que ce soit. Ou encore cette détenue qui prend sa dernière douche et qui se dirige vers la chambre d’exécution et qui se voit offrir du rouge à lèvres pour être belle lorsqu’elle ira rejoindre son copain dans les bras de Dieu. Ou encore cette femme, qui, seule, en train de ramasser ses effets personnels avant d’être amenée à la maison de la mort, est réconfortée par le directeur de la prison qui prend le temps de discuter avec elle.
Ces petits gestes de respect semblent anodins. Mais, dans ce genre de situations, ils font probablement toute la différence.
Au fur et à mesure les récits se développent, le bilan humain de la peine de mort – non seulement pour les femmes reconnues coupables de crimes violents, mais aussi pour leurs familles, les fonctionnaires pénitentiaires, et les pasteurs et conseillers qui les accompagnent dans leurs derniers jours – se précise.
Évidemment, ces femmes ont commis des crimes graves. Et la force de Dead Women Walking est de ne jamais en faire des victimes ou des monstres. On les dépeint pour ce qu’elles sont : des femmes, des êtres humains.
Pourquoi ces femmes ont-elles commis des meurtres? Les raisons varient et, d’une certaine façon, on s’en fout. Celle-ci a tué son mari. On ne nous dit même pas pourquoi. Celle-là a tué son père et sa mère après avoir enduré, pendant des années, des abus sexuels et psychologiques. Et cette autre encore n’est qu’une pauvre fille, qui ne sait même pas elle-même pourquoi elle a tué 3 personnes alors qu’elle était enceinte. Sa rencontre avec son fils de 18 ans offre d’ailleurs un des moments les plus forts du film.
Dead Women Walking sera certainement dans ma liste des meilleurs films de l’année. Achetez vos billets, car vous ne devez pas manquer ça!
Note : 9/10
Dead Women Walking est présenté en clôture du Festival International du Film Black de Montréal le 30 septembre 2018.
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