Après cinq années d’absence où il a voyagé pour apprendre la cuisine, Antoine (Thomas Blanchard) revient à Liège, bien décidé à ouvrir son propre restaurant. Mais le retour s’avère plus difficile que prévu. L’état de santé de sa mère s’est aggravé. Antoine est pris de remords. Il pense à Camille (Judith Chemla), la femme qu’il a aimée et la mère de leur petite fille Elsa (Lina Doillon) qu’il n’a jamais rencontrée. Il se décide à aller la voir, mais lorsqu’il frappe à sa porte, Camille est sur le point de partir pour un voyage d’affaires important. Elle attend la baby-sitter qui tarde à arriver. Camille panique et demande à Antoine d’attendre la baby-sitter pour ne pas rater son avion. Pris au dépourvu, Antoine accepte. Il est bien loin de s’imaginer que la baby-sitter n’arrivera jamais et qu’il va se retrouver seul face à sa fille pendant trois jours d’été.
Drôle de père d’Amélie Van Elmbt est un film comme on les aime (moi et bien d’autres…), sans prétention, sans coups d’éclat ni scènes marquantes. Un père manquant qui revient dans son patelin sans prévenir. Il a une petite de 5 ans qu’il ne connaît pas, mais dont il sait être le père. Que s’est-il passé cinq ans plus tôt? On ne le sait pas et ce n’est pas important dans ce scénario. Un père absent comme des milliers d’autres à cause de la mère trop possessive ou d’autres circonstances, mais un père qui n’a pas pris son rôle.
Ce film nous plonge dans le quotidien de gens ordinaires, modernes, mais simples et sympathiques. Un scénario écrit par une femme et qui a la sagesse de ne pas juger. Le premier rôle est tenu par Thomas Blanchard, qui est un gars sans trop d’envergure, pas un éclatant, plutôt un profil bas. Un gars qui nous ressemble.
Mais la révélation du film est cette petite Elsa, fille de Jacques Doillon (qui a notamment réalisé Ponette). Cette déjà actrice joue très juste, et l’admirable scénario d’Amélie Van Elmbt lui permet de nous toucher à plusieurs reprises et nous émouvoir sans verser dans les sentiments faciles.
Du point de vue d’un homme, Drôle de père pourrait se présenter comme un genre de réconciliation pour plusieurs d’entre nous qui avons laissé les tâches de parent à la mère qui avait décidé d’avoir un enfant sans trop nous impliquer dans son choix. On sent ça dans l’histoire présente.
On assiste, par cette histoire, à plusieurs transformations : celle du père qui le devient pour vrai et celle de la mère qui, du réflexe normal de protéger son enfant de toute influence que la sienne, fléchit en se rendant compte que l’autre parent peut aussi l’aimer à sa façon.
Mais il reste que la grande qualité de ce film sera de rester sans prétention, une chronique de la vie quotidienne, mais à travers une situation assez singulière qui révélera un lien d’amour et de tendresse entre ce père et sa fille.
Un très beau film pour les amateurs de bon cinéma non pas axé sur le spectacle, mais plutôt sur les rapports humains, l’attachement et l’amour avec un petit a.
L’occasion aussi d’assister aux débuts d’une grande actrice.
À voir pour la vie. Et pour le magnifique secret échangé entre Antoine et Elsa…
Note : 9/10
© 2023 Le petit septième
tout à fait d’accord avec votre critique, mais il manque un détail qui a son importance : Lina Doillon est bien la fille de Jacques Doillon, mais aussi de la réalisatrice, Amelie Van Elmbt !
à cet âge, être dirigée par sa mère, ça peut aider.
Mais cela n’enlève rien à sa prestation : j’ai trouvé cette petite fille merveilleuse.