« All our rights have been sold or given up… I’ll never stop exercising my rights. »
[Tous nos droits ont été vendus ou abandonnés… Je n’arrêterai jamais d’exercer mes droits.]
Il nourrit sa famille des produits de la chasse et de la pêche. Il est entraîneur d’une équipe de crosse. Fièrement Iroquois, l’homme bâti d’une seule pièce, attire la sympathie, bouscule tout et tous autour de lui, et, au final, s’avère un homme pas toujours facile à côtoyer. Voici un portrait sans retouches d’Eric « Dirt » McComber, un Mohawk de Kahnawake.
Le portrait que dressent Ryan White et Joanne Storkan de Dirt McComber n’est pas pour flatter l’ego d’un homme, non plus que pour « planter » quelqu’un. Il s’agit d’un documentaire sur un homme qui refuse d’abandonner ses origines. Bienvenue chez les Mohawks!
Dirt McComber: Last of the Mohicans n’est pas un documentaire politique. Il s’agit vraiment d’un portrait. Évidemment, il est difficile de parler de la nation mohawk sans faire un peu de politique. Les réalisateurs réussissent à toucher à quelques points sensibles sans pour autant lancer de débats. Certains diront que c’est dommage et que le film aurait été plus intéressant. D’autres diront que ça aurait empêché de faire le portrait de l’homme et qu’on serait retourné dans les mêmes éternelles chicanes.
Personnellement, j’hésite. Oui, un film qui creuse la relation politique entre les différentes nations iroquoises et le Québec ou le Canada aurait été passionnant. Mais ce n’aurait certainement pas été le même film.
Mais la légère touche politique permet à la personne qui regarde le film de savoir quoi chercher si elle veut approfondir le sujet : la crise d’Oka de 1990, les droits bafoués des autochtones, les injustices sociales, les réserves, etc.
Eric « Dirt » McComber est un individualiste, robuste, qui pourvoit à sa grande famille en chassant et en pêchant dans le territoire mohawk de Kahnawake, près de Montréal. Mais il doit chevaucher deux mondes pour accomplir ses nombreuses fonctions professionnelles, familiales et sociales. À cela s’ajoutent sa passion et son dévouement au sport de la crosse, à cause non seulement de son importance aujourd’hui, mais aussi parce que c’est la pratique spirituelle fondée par ses ancêtres, les Iroquois d’Amérique du Nord, qui le pratiquait pour honorer le Créateur, ainsi que pour le bien-être de leurs communautés. En effet, à la base, ce sport servait à régler les conflits entre les nations, évitant ainsi des guerres.
La vie se passait bien pour cette famille. En faisant du troc et en vendant leur nourriture issue de la chasse et de la pêche aux pow-wow, ils étaient capables de maintenir un bon style de vie. Mais lorsque la catastrophe a frappé, et frappé durement, le mode de vie de Dirt était menacé. Toute la famille sera forcée de réévaluer son entreprise et devra faire preuve de résilience lors d’un hiver rigoureux au Québec et donner la priorité à ce qui est vraiment important afin de préserver son mode de vie.
Dirt McComber n’est pas un homme particulièrement sympathique. Il est sexiste à l’excès et il a une opinion sur tout. Et surtout, il a toujours raison. Ses fils doivent jouer à la crosse. Son plus jeune rêve de hockey. Le père le permet, mais pas au détriment du sport de ses ancêtres.
Les lois? Elles sont plutôt vues comme des suggestions. Surtout si ce sont celles du Canada et non pas celles de son peuple.
Et pourtant, il a un petit quelque chose cet homme. Bien qu’il possède tout pour qu’on ne l’aime pas, on se retrouve happé par son charisme.
Quoi qu’il en soit, Dirt McComber: Last of the Mohicans est une œuvre de plus qui m’amène à me demander : qu’est-ce qu’on attend pour unifier nos peuples?
Note : 7.5/10
Dirt McComber: Last of the Mohicans est présenté au Festival Présence autochtone les 11 et 12 août 2018.
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