Le Festival Présence autochtone, qui se tient au Quartier des spectacles de Montréal du 7 au 15 août 2018, en est cette année à sa 28e édition. André Dudemaine, le directeur artistique de cette édition, décrivait avec poésie ce festival pluridisciplinaire : « Présence autochtone c’est la force tranquille et imparable de l’émergence de voix qui ne seront plus jamais confinées au silence, qu’on se le dise. Les éclatantes avancées artistiques des cultures premières, qu’on avait trop vite rangées au rayon des archives anciennes, se reformulent aujourd’hui dans des formes hybrides avec des apports de différents milieux. »
C’est lors de la soirée inaugurale qu’une sélection de courts métrages réalisés par la jeune création cinématographique autochtone sera présentée. On y retrouve ainsi 8 courts métrages : cinq courts canadiens (Rae de Kawennáhere Devery Jacobs, Shaman de Echo Henoche Canada, Kirano (nous-mêmes) du Comité Empreintes, Survivre au temps d’Eden Mallina Awashish et Troubles d’Érik Papatie), un australien (Never Stop Riding de Peter Mungkuri, Alec Baker, Jimmy Pompey) et deux états-uniens (Mud de Shaandiin Tome et Thunderbird Strike d’Elizabeth LaPensee).
C’est près de 60 courts, moyens et longs métrages – plusieurs des 3 Amériques ou d’Océanie et un d’Europe –, qui seront projetés tout au long du festival.
Je vous présente deux courts métrages, qui vous donneront envie d’assister à cette première soirée de projection.
Rae (Lake Kahéntawaks Delisle) a sept ans aujourd’hui. Ista (Kawennáhere Devery Jacobs), sa maman, lui a promis une fête. Une promesse, c’est une promesse. (v.o.a., 11 minutes)
Ce film m’a vraiment touchée. On entre dans un univers très réaliste, où l’enfance n’a malheureusement pas sa place. Rae est étonnamment résignée pour son jeune âge. Elle semble être la plus forte du duo mère-fille, elle qui devrait plutôt être entourée de ses amis en cette journée festive.
Dernier jour de Ruby (Trini King), une femme alcoolique qui vit à Window Rock, Arizona. Pavane sombre pour une défunte anonyme. (v.o.a., 10 minutes)
Il est parfois facile de juger de l’extérieur. Mais la souffrance est destructrice et certaines personnes se réfugient dans l’alcool ou autres substances pour pallier leurs maux. Ruby souffre terriblement, en silence. Son fils Joseph (Forrest Goodluck) lui lance froidement qu’elle doit se remettre de la mort de son mari, ce à quoi elle réagit violemment et se terre plus encore dans sa solitude et son mal-être. Le destin du personnage est en marche, lui colle littéralement à la peau, ce qu’elle est la seule à voir. Imbibée, elle s’enfonce un peu plus…
Un très bon film sur la souffrance d’un être démuni.
Bon cinéma autochtone!
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