« — What kind of criminals get cought?
— The dumb ones. »
[— Quel genre de criminels se font prendre?
— Ceux qui sont stupides.]
Il y a une mystérieuse brume matinale sur le paysage froid de la campagne de l’état de Victoria en Australie. Deux frères (Clayton et Shane Jacobson), sur leur vélo, à travers la nature sauvage, font leur chemin vers la maison familiale isolée. Alors qu’ils s’habillent méticuleusement, en silence, combinaisons orange, gants et couvre-chaussures, il est de plus en plus évident que leurs intentions sont tout sauf bonnes. Ensemble, ils ont un plan, un plan parfaitement chronométré et détaillé. Un plan de meurtre. La motivation initiale ne pourrait être plus claire : l’habituel « changement de testament ». Avec les deux frangins enfermés, les rancunes familiales font doucement surface et ce conte étrange d’homicide prend alors la pire des tournures.
Présenté au dernier SXSW, Brothers’ Nest de Clayton Jacobson n’est pas sans rappeler les films des frères Coen. Quelque part entre thriller et comédie noire, ce film nous amène dans une histoire de famille, de loyauté et de meurtre. Oui, l’amour fraternel a ses limites…
Les compositions de Richard Pleasance créent une ambiance incroyable. Dès le premier plan, les violons apportent une note dramatique, au brouillard et aux deux hommes à vélo.
Tout au long du film, la musique se pointe aux parfaits moments sans être trop présente ni trop absente. Par moments, ce sont de simples notes au piano qui laissent à nouveau la place aux instruments à cordes contribuant à créer une atmosphère tragique et poignante.
Avec leur mère mourante atteinte d’un cancer, les deux frères iront jusqu’au bout pour protéger leur héritage. Deux hommes sans histoire. Deux hommes qui n’ont rien de criminels. Deux hommes qui, pourtant, décideront d’assassiner leur beau-père.
Mais quand on n’est pas un tueur d’expérience, on fait comment? Et lorsqu’on réalise que notre partenaire est beaucoup plus préparé qu’on ne l’est, on pense quoi? Une grande partie de la force et de l’intrigue du film réside dans la dynamique entre les frères. Il s’agit de la hiérarchie familiale et de la façon dont nos perceptions de cette hiérarchie peuvent mener à une rivalité perpétuelle entre frères, c’est ce qui est ici en jeu. Mais qu’arrive-t-il lorsque celui qui est au bas de la hiérarchie décide qu’il ne veut plus y être?
Il faut dire que lorsqu’on est sur le point de commettre un meurtre, ce n’est peut-être pas le moment idéal pour revoir l’ordre des choses. Mais dans une relation entre frères, il y a toujours quelques petits détails qui peuvent soudainement ressurgir du passé. Voir même du présent. Savez-vous tout de vos frères et sœurs?
Dans Brothers’ Nest, il y a une saveur subtile digne d’un roman d’Agatha Christie : un film sombre et dangereusement intelligent, qui profite d’une superbe interprétation des rôles principaux, ainsi que des dialogues pleins d’esprit et de verve.
Les échanges entre les frères Jacobson sont vrais. Peut-être que cela est dû au fait qu’ils sont de vrais frères. Peut-être pas… En fait, on s’en fout.
Entièrement tourné en hiver, dans les endroits les plus froids de Victoria, en Australie, Brothers’ Nest vous y fera réfléchir à deux fois avant de partir dans un endroit reculé avec votre frère. 😉
Note : 8/10
Brothers’ Nest est présenté à Fantasia les 1er et 2 août 2018.
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