« Why why why Aomi, why??? »
La jeune écolière Amiko (Aira Sunohara) n’a d’yeux que pour le très cool Aomi (Hiroto Oshita), joueur de soccer et fan de Radiohead, avec qui elle passe un très bref et déterminant moment à la sortie des cours. Ainsi débute une fixation qui s’étalera sur un an et des poussières; année scolaire pendant laquelle Amiko n’adresse pas la parole au mystérieux Aomi, bien que celui-ci l’obsède au quotidien! Puis, quand celui-ci ose disparaître du jour au lendemain, Amiko devient fascinée par l’idée de le retrouver et lui dire le fond de ses pensées – un projet qui se concrétise au fil d’un périple qui la mènera de la ville banale de Nagano aux rues bondées et anonymes de Tokyo.
Amiko est ce genre de films qui me laisse pantois. En toute honnêteté, je me lance dans ce texte sans trop savoir, encore, ce que je pense de ce film. Ce que je sais, c’est que Yoko Yamanaka, la jeune réalisatrice et scénariste de 19 ans, a décidé de réaliser ce film sans avoir les moyens de louer l’équipement nécessaire permettant de créer une belle image. Son idée était que l’image était moins importante que le message…
La première chose qui m’a frappé en commençant le film, c’est l’image. Et je me suis questionné jusqu’à ce que la réalisatrice me donne la réponse à ma question… Non, le style un peu « cheap » de l’image n’est pas un choix esthétique.
Mais, comme la jeune femme l’explique, ce n’est pas ça l’important : « All I had were a few of my friends as my crew, and a cameraman that I had met on twitter. I found both of my lead actors online as well. Since I did not have anyone I could rely on at school, we were unable to borrow the appropriate equipment, but high picture quality did not matter to me. Feelings die and are renewed every single day. I knew that if I could recreate all of those moments into my work, it would be enough. » [Tout ce que j’avais, c’était quelques-uns de mes amis en tant qu’équipe, et un cameraman que j’avais rencontré sur Twitter. J’ai aussi trouvé les deux acteurs principaux en ligne. Comme je n’avais personne sur qui compter à l’école, nous ne pouvions pas emprunter l’équipement approprié, mais une qualité d’image élevée ne m’importait pas. Les sentiments meurent et sont renouvelés chaque jour. Je savais que si je pouvais recréer tous ces moments dans mon travail, ce serait suffisant.]
Et vous savez quoi? Je ne sais toujours pas si elle a eu raison ou non. Près de 24 heures après avoir visionné Amiko, je me questionne toujours à ce sujet.
Ça, par contre, je suis beaucoup plus sûr de moi. Le message passe. La jeune Amiko, une grande romantique, vit dans son univers. Un univers qu’on retrouve chez plusieurs jeunes filles.
En tant que Nord-Américain, j’ai de la difficulté à m’identifier à ce type de personnage. Mais j’aime beaucoup ce genre de personnage prédisposé à devenir une icône de la contre-culture; une jeune punk en jupon résistant à l’apathie et la culture de masse, à grand coup d’idéaux et de convictions (et d’une dose de naïveté).
La réalisatrice décrit son personnage ainsi : « Amiko probably does not know what it is that she wants. But one thing that is for certain is that she is a helpless romantic. » [Amiko ne sait probablement pas ce qu’elle veut. Mais une chose est certaine, c’est qu’elle est une romantique sans défense.] Une description très juste de l’adolescente.
Mais Amiko est-elle représentative de la réalité?
Je ne suis pas un spécialiste du Japon. Par contre, connaissant deux Japonaises et ayant une amie qui a vécu au Japon pendant 2 ans, j’ai une petite idée de comment fonctionne cette société. Et Amiko est une représentation assez juste d’une partie de la population. Il n’est pas rare de voir des jeunes femmes être en amour avec des hommes sans jamais leur parler. C’est l’homme qui doit aborder la fille. Oui, ça fonctionne encore pas mal comme ça aujourd’hui.
Amiko est un film romantique. C’est un film lent. C’est un film qui laisse le temps de réfléchir.
J’aurais vraiment aimé voir ce que ce film serait avec une belle image. Le romantisme pourrait être encore plus frappant. Mais quoi qu’il en soit, Amiko mérite le détour. Même si ce n’est que pour vous amener à vous questionner sur ce qui est le plus important dans un film : la qualité visuelle ou la véracité de chaque moment qu’on y présente.
Note : Incapable de me décider
Amiko est présenté à Fantasia les 21 et 31 juillet 2018.
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