« I’m in a challenge emergency. »
[Je suis en plein défi, c’est une urgence.]
Au tournant de l’an 2000, dans un appartement de sous-sol crade et puant, Cam (David Dastmalchian) lance l’ultime défi à son frère cadet Abbie (Joshua Burge) : il devra battre l’infâme « high score » de Billy Mitchell à Pac-Man (en allant au-delà du « glitch » du niveau 256, bien sûr), tout en restant glué au divan coûte que coûte.
Avec Relaxer, Joel Potrykus crée une œuvre complètement folle dans laquelle on en vient à se foutre complètement des détails qui ne sont pas vraisemblables. Après une première mondiale au dernier SXSW Film Festival, le bogue de l’an 2000 est de retour à Montréal!
Ça faisait longtemps qu’on n’en avait pas entendu parler. Mais je me souviens qu’en 1999, bien des gens étaient paniqués par ce fameux « glitch » numérique. Évidemment, puisqu’on est en train d’en parler près de 20 ans plus tard, rien ne s’est produit. Mais pour ceux qui y croyaient dur comme fer? Vous auriez fait quoi si vous étiez convaincu que l’apocalypse arrivait? C’est là que se trouvent Cam et Abbie.
Mais, au fait, la fin du monde, c’est pour le 31 décembre? Il arrive quoi si Abbie ne réussit pas avant la date limite fixée par son frère? Car le défi doit être relevé avant la fin du monde. Comme ça Abbie aura au moins réussi à relever un défi dans sa vie minable.
Bien que ces détails passent assez bien pour la plupart, l’accumulation dérange un peu. Par exemple, lorsqu’Abbie ne joue pas, le son n’arrête pas. Pourtant, dans Pac-Man, lorsqu’on arrêtait le jeu, il n’y avait plus de musique. Et s’il n’arrête pas le jeu, nous n’entendons jamais le son caractéristique de la mort de la petite boule jaune.
Et une question me turlupine… On ne voit jamais le jeune homme manger ou réussir à boire. C’est un peu dérangeant. Quant aux besoins naturels servant à vider le corps de ses déchets, il n’en est pas fait mention non plus.
Mais bon. Honnêtement, vous verrez dans quelques lignes que ça ne m’a pas empêché de passer un super bon moment.
Le chaos et l’obscurité approchent. L’apocalypse de l’an 2000 ne peut pas être arrêtée. Le frère aîné d’Abbie lui adresse le défi ultime… Ok,jJe me répète, je sais. Mais ayant été un gros fan de Pac-Man, j’avais vraiment hâte de voir ce film.
Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Peut-on faire un film de 91 minutes en un seul lieu sans déplacement de caméra et sans effets spéciaux? Le défi de rendre cette histoire intéressante était grand. Mais il faut avouer que le réalisateur a relevé le défi avec aplomb (comme Abbie?). Dans cette heure et demie, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Même le générique kitch est bon. Il faut dire qu’il est vraiment très court. Et c’est en partie ça la force de Relaxer. Il n’y a pas de perte de temps. Chaque minute semble bien planifiée.
Les quelques personnages qui interviennent apportent un lot de drôleries. Je pense surtout aux deux exterminateurs qui viennent pour tuer les coquerelles. Une des meilleures scènes du film. Sauf peut-être la fin. Oui, la logique nous abandonne. Mais on s’en fout un peu quand on assiste à la performance de Joshua Burge.
Le jeune réalisateur expliquait : « All I’ve ever dreamed about is living on a couch, playing video games with no one bugging me. Relaxer is the nightmare version of my fantasy. » [Tout ce dont j’ai toujours rêvé, c’est de vivre sur un canapé, de jouer à des jeux vidéo sans que personne ne me dérange. Relaxer est la version cauchemardesque de mon fantasme.] On a eu la même jeunesse, je crois. 😉
Ça peut être un film dur à comprendre pour quelqu’un qui n’a pas connu les années 1990. Mais les médias sociaux n’existaient pas encore. La vidéo sur le web en était à ses débuts. Et s’informer passait par deux ou trois chaines seulement.
Le bogue de l’an 2000, c’était vraiment quelque chose.
Au final, Relaxer est un tour de force minimaliste et immersif qui transforme le sofa d’un « gamer » crotté en lieu de tous les possibles. Potrykus est réellement magistrale pour rendre l’inaction et le rien, excitants, vivants et intrigants.
Pac-Man forever!
Note : 7/10
Relaxer est présenté à Fantasia les 14 et 16 juillet 2018.
[do_widget id=patreon_sidebar_user_widget-2]
© 2023 Le petit septième