« Il est de retour! »
Élisabeth (Mélanie Laurent) est droite, sérieuse et honnête. Le capitaine Neuville (Jean Dujardin) est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héros d’opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d’une imposture qui va très vite la dépasser…
Avec Le retour du héros, Laurent Tirard nous offre un film qui nous rappelle la belle époque des films d’époque français. On peut penser, entre autres, à certains films de Jean-Paul Rappeneau comme Cyrano de Bergerac, avec Gérard Depardieu. Mais, ici, ce sont Jean Dujardin et Mélanie Laurent qui crèvent l’écran.
Quelle est la différence? « Le film d’époque, pour moi, c’est un film qui cherche à décrire de façon fidèle la vie d’un personnage réel, à reconstituer un fait historique, ou à nous montrer comment on vivait à une époque précise. La notion de reconstitution et de fidélité à la vérité historique (si une telle chose existe vraiment) y est très importante. Un film en costumes, en revanche, c’est un film qui utilise les costumes comme un déguisement, et qui se sert de l’époque pour mieux parler d’aujourd’hui. C’est peut-être un moyen plus subtil de faire réfléchir au monde dans lequel nous vivons », expliquait le réalisateur.
Le retour du héros serait du deuxième type. En prenant, par exemple, un habit rouge vif pour le personnage de Neuville, qui fait partie des Hussards, le réalisateur mise sur la force des couleurs et du style plutôt que la véracité historique. Ce costume appartenant plutôt à certains officiers anglais.
En faisant un film en costumes, le réalisateur réussit par ailleurs à toucher à des thèmes plus contemporains. En effet, lorsqu’Élizabeth négocie avec Neuville, elle recherche une certaine égalité homme/femme qui n’était certainement pas d’actualité à cette époque. Et pourtant, ça ne sonne pas faux. C’est là une belle réussite. Outre l’égalité des sexes, Tirard aborde la quête de l’argent, les parvenus, l’ambition sociale par le mensonge… Oui, plus ça change et plus c’est pareil!
Il faut être honnête. Le retour du héros n’est pas un grand film. Par contre, ce long métrage donne lieu à une joute entre deux acteurs de grand calibre. Dujardin et Laurent sont magnifiques dans leurs bagarres verbales et dans les situations cocasses qu’ils provoquent à tour de rôle.
On a tendance à sous-estimer la difficulté de la comédie. Mais être drôle tout en restant juste et réaliste n’est pas simple. Ici, Neuville et Élisabeth se lancent dans une guerre que ni l’un ni l’autre ne peut réellement gagner. Plus ils en mettent et plus ils seront coincés ensemble.
« C’est toujours assez jubilatoire d’utiliser l’époque pour faire des clins d’œil aux dysfonctionnements du monde contemporain. Comme l’arnaque “pyramidale” que Neuville met au point dans le film, et qui est une référence directe à l’affaire Madoff et à son système financier frauduleux. » Et c’est là le début de la fin. Ou ce moment où le chat et la souris devront décider de qui remportera cette bataille.
Le retour du héros a été écrit en fonction que Neuville serait interprété par Jean Dujardin. « Tout a commencé avec Jean. Nous nous sommes rencontrés sur Un homme à la hauteur et nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler ensemble, avec l’envie de remettre ça très vite! Je lui ai donc parlé d’une idée à laquelle je réfléchissais depuis plusieurs années, trouvant qu’elle lui irait parfaitement : un personnage à la Belmondo, déboulant dans un univers feutré à la Jane Austen. Quel choc des cultures! Jean a été emballé. Le film a donc été écrit pour lui, et le personnage a d’autant plus été taillé sur mesure que Jean a pu, dès le début, participer à son élaboration. »
Lorsqu’un film est écrit en fonction d’un acteur, on se retrouve souvent avec un film qui ressemble trop à l’acteur. Mais, ici, le style de l’acteur vient très bien compléter un personnage très amusant, mais aussi très humain. Humain autant dans sa laideur que dans sa beauté.
Au final, Le retour du héros est le parfait film à regarder en ces chaudes journées (ou soirées), avec l’esprit léger.
Note : 7.5/10
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