Parce qu’au Petit Septième, on aime beaucoup les courts métrages et que, à Montréal, on est en pleine canicule, je vous parle du premier court métrage de Leila Lamblin et Charly Destombes, Canicule, sociofinancé sur Ulule.
Les deux scénaristes et réalisateurs, des passionnés de cinéma et de séries télé, font état d’influences diverses, dont celle de Xavier Dolan (pour Les amours imaginaires et Juste la fin du monde). C’est là un réalisateur que j’apprécie beaucoup et que l’on retrouve un peu dans ce film.
« Ah… Allez on met du Céline. On est dans un film de Xavier Dolan. Ah, ça y est on est bien. » – Charles
Lou est une jeune femme moderne et pétillante, qui organise une fête dans son appartement parisien pour célébrer le départ de ses amis à l’étranger. Le temps de cette soirée de canicule, à travers son point de vue, se dessine le portrait d’une génération désœuvrée, désespérément en quête de sens.
Les personnages dansent, s’amusent, se mettent en scène, notamment par des égoportraits. Mais la légèreté n’est pas totale. « Il y a des soirées où tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment (présence des amis, célébration du succès d’un proche, atmosphère chaude et conviviale…), et pourtant les choses peuvent prendre un tournant doux-amer. C’est ce sentiment de malaise insaisissable, de déconnexion aux autres et à une situation, qui nous a donné envie de raconter cette histoire », expliquaient les réalisateurs.
Les apparences étant parfois trompeuses, tout n’est pas toujours aussi parfait que ce que l’on peut croire. Les jeunes dans la vingtaine (et les moins jeunes dans la trentaine) ont souvent beaucoup de difficultés à trouver leur place dans la société actuelle. Le marché du travail est souvent difficile à percer, il n’est donc pas rare de vivre des déceptions de ce côté. Et ça, c’est sans compter les relations interpersonnelles, tant en amour qu’en amitié, notamment par les départs de ceux qu’on aime qui vont tenter leur chance ailleurs. Le film résume bien cet aspect important de la vie.
J’ai bien aimé la technique, dont la scène d’introduction. Matt fume une cigarette sur le balcon. Les plans de ville souvent flous, l’accent étant mis sur la cigarette qui brûle, alourdis par la fumée, mettent la table. Ce sera une ambiance étouffante, due tant par la chaleur que par les départs et les constats. Quelques minutes plus tard, on fera le tour de l’appartement de Lou, dans une belle circularité, partant et revenant au personnage désemparé et anxieux… Le film se déroule d’ailleurs en huis clos.
La dernière scène est en rupture, en quelque sorte, avec le reste du film – on est le lendemain matin – et est particulièrement bonne. Matt (Cody Austin Bush) et Lou (Natalia Pujszo) interprètent la pièce Okay, écrite et composée par Cody Austin Bush. La belle pièce musicale résume bien l’état général du personnage et laisse le spectateur sur une note d’espoir.
Canicule, ou une page qui se tourne…
Note : 8/10
Voici le film :
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