« Quand une parole est offerte, elle ne meurt jamais. Ceux qui viendront, l’entendront.
When a word is offered it never dies. Those who come will hear.
Menutakuaki aimun, apu nita nipumakak. Tshika petamuat nikan tshe takushiniht. »
Joséphine Bacon, poète innue
Ceux qui viendront, l’entendront propose une rencontre singulière avec des locuteurs de plusieurs langues autochtones et inuit du Québec. Le film part à la découverte de ces parlers méconnus à travers l’écoute du quotidien de ceux et celles qui les parlent encore aujourd’hui. Soutenu par un travail d’exploration et de création d’archives, le film permet de mieux saisir la musicalité de ces langues et dévoile l’importance culturelle et humaine de ces traditions orales millénaires en nourrissant une réflexion collective sur les conséquences de leur disparition.
Avec Ceux qui viendront, l’entendront, Simon Plouffe offre une sorte de retour du balancier en faisant appel à la poésie des langues autochtones et nous amène à découvrir ce jardin sonore qui permettra au public de méditer sur les enjeux reliés aux langues en situation minoritaires.
La diversité linguistique du Québec est beaucoup plus riche qu’on le croit. Ou, à tout le moins, de ce qu’on a l’habitude de croire. Dans Ceux qui viendront, l’entendront, on a l’occasion d’entendre une multitude de langues. On y entend, entre autres, les langues abénakise, atikamekw, innue, inuttitute, kanien’kehàka, naskapie, française, anglaise et le langage des signes. Bon ok… ce dernier, on ne l’entend pas vraiment. 😉
Par le passé, une grande quantité de ces idiomes ont subi de grandes pertes. Celles-ci principalement causées par la colonisation et le système de pensionnat qui interdisaient aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis de parler leurs langues maternelles et de vivre selon leurs cultures. Oui, on a fait ça. Et honnêtement, on ne peut pas dire que tout est réglé.
Ce qui ressort de ce documentaire, c’est à quel point les langues et les cultures autochtones du Québec sont fragilisées. Et on pourrait poursuivre la réflexion et montrer à quel point la langue et la culture « franco-canadienne » le sont aussi. J’aurais pu dire francophone, en fait. Puisqu’on parle ici seulement du Québec. Et avec ce film, s’il y a une chose qu’on peut comprendre par rapport au fait francophone d’ici, c’est que ce qui est arrivé aux langues et cultures mentionnées plus haut pourrait très certainement arriver à l’identité francophone du Québec.
Comme l’expliquait Simon Plouffe, « les éléments distinctifs des cultures parlant des langues minoritaires sont fragilisés dans un monde où les grandes puissances mènent des politiques hégémoniques. On entend souvent parler de biodiversité, mais très rarement de diversité linguistique. La diversité des langues n’est pas une simple variété de sons et de signes, mais une pluralité de visions du monde, de façons de nommer le “réel”. »
Et pour ceux qui ne croient pas que les langues (comme le français au Québec) peuvent facilement disparaitre, voici une statistique provenant de l’UNESCO. Tous les 15 jours, une langue cesse d’être parlée dans le monde. C’est non seulement une langue, mais également une identité culturelle (voire celle d’un peuple) qui est grandement compromise par ce phénomène.
Ceux qui viendront, l’entendront propose une illustration de l’expérience que vivent des locuteurs évoluant dans une situation linguistique fortement fragilisée. C’est aussi une belle façon d’en apprendre un peu plus sur des langues et des cultures que, pour la plupart des gens, nous ne connaissons pas très bien, voire pas du tout!
Note : 7/10
[do_widget id=patreon_sidebar_user_widget-2]
© 2023 Le petit septième