« I’ve been called many things, but never Mary Magdalene… »
À Jérusalem, l’Église orthodoxe grecque est le troisième propriétaire en importance de terres privées. Le patriarche Irineos règne en roi et maître sur ces propriétés, signant lui-même tous les contrats de location avec les colons israéliens. En 2005, des fidèles palestiniens en ont pourtant eu assez et l’on accusé d’avoir signé des baux à long terme avec des colons extrémistes. Une grave accusation qui entraîna son renvoi et la suspension de ses fonctions, une première dans plus de 2000 ans d’histoire de l’Église. Durant onze ans, il est resté prisonnier dans sa chambre, avec un téléphone et une petite fenêtre comme seuls liens avec l’extérieur. Pénétrant ce monde secret où l’influence et le pouvoir vont bien au-delà de ce que l’on pourrait croire, Danae Elon raconte à la première personne ce qui est vraiment arrivé au patriarche.
Fidèle à son style personnel et intime, avec The Patriarch’s Room, Danae Elon se lance dans un périple qui dure 4 ans, à la recherche de la vérité quant à la destitution du patriarche Irineos. Mais la vérité est une chose bien abstraite dans certains domaines. La religion et la politique en font partie.
Comment se fait-il que l’Église orthodoxe grecque soit le 3e plus gros propriétaire de terres et d’immeubles en Israël? Peut-être est-ce le fait que je vive au Québec, mais j’ai de la difficulté à figurer qu’une Église possède autant de richesses…
Quoi qu’il en soit, c’est le cas. L’histoire du patriarche Irineos ressemble à celle d’un roman d’espionnage. Et il se retrouve mêlé à la plus grande controverse de l’histoire de l’Église orthodoxe grecque. En partant, qu’il s’agisse d’un groupe religieux ou non, lorsqu’une organisation possède autant de propriétés en un seul lieu, c’est dangereux. Mais lorsqu’on y mélange la situation de crise constante qui se vit en Israël avec les Orthodoxes, les Catholiques, les Juifs et les Musulmans, c’était évident que la merde finirait par « pogner ».
Évidemment, cette situation que je considère comme une hystérie est malsaine. Lorsque j’ai regardé P.S. Jérusalem, j’ai eu l’occasion de contempler les guéguerres entre les Juifs d’Isarël et les Palestiniens. Déjà, je trouve que ce qui s’y passe est complètement fou. Les gens s’entretuent pour des questions de lieux religieux. Soit dit en passant, je trouve assez amusant que toutes les religions proviennent exactement du même endroit. Mais bon…
Donc, ici, la réalisatrice se penche sur le cas des Orthodoxes. Le patriarche Irineos aurait vendu des hôtels à des Colons juifs. Et c’est ce supposé acte qui aurait causé la destitution du leader religieux. Mais ce qui est le plus fou, c’est que les gens sont prêts à l’assassiner pour ça. Dans The Patriarch’s Room, on voit même une femme qui dit : « Lorsque Judas a trahi Jésus, il s’est suicidé. Il [Irineos] devrait se suicider aussi. » Si, ça, ce n’est pas une folle hystérique, j’aimerais bien savoir ce qu’elle est. Mais le problème c’est qu’elle est représentative de la situation.
The Patriarch’s Room, c’est une enquête. C’est l’enquête de Danae Elon qui tente d’élucider le mystère. Mais, au fait, est-ce qu’Irineos est un « crosseur » qui s’est fait prendre ou est-il la victime d’un coup monté?
Sélection officielle au RVCQ 2017, ce film-enquête réussit à montrer à quel point les magouilles religieuses d’Israël ont des racines très profondes. Si vous croyez que les films et les romans d’espionnage sont fous, vous n’avez encore rien vu!
Note : 8.5/10
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