Le cœur devient moins lourd, quand on est en amour…
Victor Hugo (Alden Knigth), un vieux Cubain noir vieillissant, et sa femme Candelaria (Victoria Lynn), pas beaucoup plus jeune, vivent dans un Cuba d’après la chute du mur de Berlin et où la Russie a abandonné l’île communiste en ne fournissant plus la nourriture et le pétrole pour faire fonctionner les turbines procurant l’électricité.
C’est la misère. Mais pas la misère noire (pas de jeu de mot ici). Victor Hugo et Candelaria sont heureux ensemble dans cette presque fin du monde où les lendemains sont plus qu’incertains. Ils vivent dans un logement plus que modeste avec 5 petits poulets que Candelaria considère comme ses enfants.
Un jour, Candelaria trouve, dans la buanderie où elle travaille malgré son grand âge, une caméra vidéo qu’elle ramène à la maison. Tout objet de quelque valeur devient un espoir d’échange pour quelques dollars. Victor préfère qu’elle rapporte la caméra à son travail.
Un ami en visite joue avec l’appareil et découvre comment ça marche. Victor Hugo s’amuse alors à regarder à travers le viseur et entrevoit une occasion d’amusement dans le couple. Il filme les poulets, sa femme, et il en vient à prendre en secret Candelaria en petite tenue. Lorsqu’elle voit les images, elle sourit et ils en viennent à se filmer dans des positions, disons intimes.
Victor Hugo joue au baseball pour le plaisir. Les Cubains adorent le baseball. Un jour où il s’amuse à lancer des balles avec des jeunes, il se fait voler la caméra… avec la cassette de leur intimité. Victor se rend alors chez un jeune marchand clandestin (un genre de pawn shop sans enseigne) où il avait déjà vendu sa montre et, bien sûr, la caméra y est, le voleur lui a vendue.
Victor veut surtout reprendre la cassette très personnelle contenue dans l’appareil, mais le jeune vendeur qui a visionné leur film lui offre plutôt de le payer pour faire d’autres films avec sa femme. Il veut du porno!
Candelaria parle de la grande pauvreté des Cubains à l’époque de l’après URSS, mais il semble que le film aurait pu se dérouler aujourd’hui sans trop de différences.
Mais ce film parle surtout du plaisir que les Cubains réussissent à trouver dans leur quotidien misérable. La belle musique que l’on connait accompagne les images tout au long et on assiste à une œuvre remarquablement bien menée et qui frise la perfection.
J’ai été séduit par ce film de Jhonny Hendrix Hineztroza, par l’interprétation des deux principaux acteurs et par la sympathie que j’ai éprouvé pour cette vie simple et dénudée (comme Candelaria…). Ce film donne aussi le magnifique portrait de la vieillesse.
Puis, la pauvreté sans l’amour reste la misère.
Très beau film à voir pour vivre Cuba de l’intérieur rien d’inclus que l’on cache aux touristes tout-inclus…
Un petit chef-d’œuvre!
Note : 9/10
Les film est présenté au Venice Days Festival les 30 avril et 5 mai 2018.
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