« Nothing sells better than sad African stories »
[Rien ne vend mieux que l’histoire d’un triste Africain]
Zizuke et Tevo ont perdu confiance en leurs rêves, jusqu’au jour où Tevo rencontre Elisabeth, une touriste américaine tant attendue. Il lui fait alors croire qu’il y a une ONG qui aide les femmes et les jeunes filles de Masese. De là, les deux amis s’enfoncent dans un tissu de mensonges qui leur apportera de l’argent, mais surtout beaucoup de problèmes.
Pour son premier film, N.G.O. – Nothing Going On, Arnold Aganze présente un film qui se veut une critique des ONG qui disent vouloir aider les pays d’Afrique, mais qui ne prennent pas le temps de regarder les besoins réels des pays qu’ils aident. Si le sujet se prête à un film sarcastique, et que l’idée est pleine de potentiel, on peut dire que le jeune réalisateur manque son coup.
Honnêtement, je ne connais pas la culture ougandaise. Mais si je me fie à l’image qu’on voit d’eux dans N.G.O. – Nothing Going On, ce n’est pas très reluisant. Paresseux, profiteurs et obsédés par les Blanches, voilà l’image qui en ressort.
Je sais, il s’agit d’une fiction. Ce n’est pas une étude anthropologique. Mais reste que je ne suis certainement pas la seule personne en Occident à ne pas connaitre la culture ougandaise.
Dans ce film, on y voit Tevo et Zizuke qui sont deux jeunes hommes sans ambition complètement obsédés par les Blanches qu’ils pourraient « fourrer ». Si l’on ajoute à ça le fait qu’ils montent une petite arnaque dans le but de flouer des « Blancs » d’Amérique, on se retrouve devant un portrait bien négatif de ces deux types.
D’ailleurs, de montrer que les Ougandais sont des crosseurs prêts à tout pour faire du cash et baiser des petites Blanches me semble un peu risqué. Parce que oui, certaines ONG volent très certainement le bon peuple. Eh oui, les façons que choisissent les Occidentaux pour aider les peuples africains sont peut-être mal choisies. Mais n’y a-t-il pas un risque que les bonnes gens qui donnent leur argent aux organismes ne veulent plus donner s’il voit ce genre de film?
Mais tout de même, je dois avouer que la scène dans laquelle les personnages collent des mouches sur le visage d’une jeune fille pour « donner aux Blancs le show qu’ils veulent », c’est hilarant!
Malheureusement, ces bons moments sont rares. Et ce que l’on retient principalement de ce film, c’est le manque de qualité technique.
Par exemple, lorsqu’il y a des échanges entre deux personnages et que le réalisateur utilise la technique du champ/contrechamp, le son change à chaque fois qu’on change de personnage. Comme lorsque Tevo et Zizuke parlent ensemble, au début du film : lorsque le premier parle, on entend des voitures en bruit de fond, mais lorsque son ami lui répond, il n’y a pas un bruit. Puis les voitures reviennent lorsque le premier recommence à parler. Et c’est comme ça tout le long du film.
Puis il y a le jeu des acteurs… Ouf! J’imagine que trouver des comédiens professionnels en Ouganda n’est pas si simple. Mais dans N.G.O. – Nothing Going On, c’est, par moments, vraiment pénible.
Et parfois on sous-estime l’importance de l’histoire… Mais avant le dernier 15 minutes du film, l’histoire n’y est pas. On a l’impression de regarder un groupe d’ados qui s’écoutent raconter comment les filles sont bandantes.
Par contre, les 15 dernières minutes pourraient me laisser croire que le jeune réalisateur a ce qu’il faut pour offrir un film avec une histoire de qualité. Et en s’entourant de quelqu’un qui sait prendre le son, je serais curieux de voir le résultat.
Zizuke a un travail de serveur dans un bar local, The Pearl (un bar sur la rue principale de Jinja), et Tevo poursuit sa récente passion pour la photographie.
Entre ces deux jeunes hommes, il y a une amitié typique : sport, filles, compétition et plans foireux. Mais c’est lorsque Tevo se fait offrir un appareil photo par Martha, sa petite amie muzungu (une blanche), que démarre enfin un semblant d’intrigue.
Puis, arrive finalement Elisabeth, une touriste qui est venue voir des gorilles en Ouganda et qui est assez naïve pour croire, à la vue de photos d’enfants pauvres, que Tevo fait partie d’une OGN qui soutient l’éducation des femmes et des filles à Masese, un bidonville de Jinja. C’est là que le film devient enfin intéressant. Les deux amis se mettront à faire croire qu’ils aident les pauvres grâce à leur organisme.
Mais ils sont rapidement confrontés à de réels obstacles. En désespoir de cause, les garçons font appel au propriétaire d’une ONG, M. Heineken, qui devient leur mentor et partage sa sagesse avec eux. Le plan fonctionne et les dons arrivent enfin. Mais, avec le cash, arrivent les problèmes…
Au final, N.G.O. – Nothing Going On, c’est 65 minutes à s’ennuyer pour 20 minutes de plaisir…
Note : 5/10
N.G.O. – Nothing Going On est présenté au Festival Vues d’Afrique les 15 et 17 avril 2018.
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