« Je voulais que ce soit une comédie qui ait du fond, en dépeignant, notamment, le jeunisme absolu, excessif, qui dirige le monde aujourd’hui. »
Guillaume Canet
Guillaume Canet, 43 ans, est épanoui dans sa vie, il a tout pour être heureux… Sur un tournage, une jolie comédienne de 20 ans va le stopper net dans son élan, en lui apprenant qu’il n’est pas très « Rock », qu’il ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été, et pour l’achever, qu’il a beaucoup chuté dans la « liste » des acteurs qu’on aimerait bien se taper… Sa vie de famille avec Marion, son fils, sa maison de campagne, ses chevaux, lui donnent une image ringarde et plus vraiment sexy… Guillaume a compris qu’il y a urgence à tout changer. Et il va aller loin, très loin, sous le regard médusé et impuissant de son entourage.
Rock N Roll est un genre de docu-fiction dans lequel le réalisateur et acteur Guillaume Canet met en scène sa propre vie, et celle de son entourage. Mais quelle part est de la réalité et quelle part est de la fiction.
Canet expliquait ceci en parlant du film, et je trouve que ça résume assez bien ce qui en est : « Arrêtez de croire tout ce que l’on vous raconte, de voir tout ce que vous pensez voir : il y a d’autres choses derrière, elles ne sont pas forcément meilleures, elles peuvent même parfois être pire. Elles ne sont, en tout cas, pas ce que vous croyez. »
En regardant Rock N Roll, je ne pouvais m’empêcher de me demander, à chaque scène ou presque, si l’on était dans la réalité ou dans la fiction. Évidemment, la réponse est généralement, « en partie »…
Et après avoir digéré un peu le film, j’ai compris que le réalisateur avait décidé de s’amuser (avec sa conjointe) de leur célébrité et de leur propre image. Ainsi, on voit une Marion Cotillard qui se caricature elle-même en ce qui a trait à l’intensité qu’elle met à pratiquer un accent (ici l’accent québécois) ou encore sa passion pour les produits bio. Elle est d’ailleurs une bonne amie de Pierre Rabhi. Et lorsqu’on sait cela, on n’est pas tant étonnés de voir un potager au milieu du salon.
On peut donc dire que Rock N Roll est appuyé sur des évènements du quotidien, montrés de façon distordue.
Malgré qu’il s’agisse d’un film léger et amusant, il n’en reste pas moins qu’il a du fond lorsqu’il dépeint, notamment, le jeunisme absolu et excessif qui fait rage dans le monde d’aujourd’hui. Ou, simplement, la peur de vieillir.
Lorsque je dis réfléchi, je pense, entre autres, au fait qu’on ne voit aucune scène extérieure avant que le personnage de Guillaume sorte de son enfermement et se sente finalement un peu mieux. Ou encore à l’appartement du couple qui est rempli d’horloges coucou, symbole de l’obsession du temps qui passe.
L’accent de Marion Cotillard… Cet accent québécois… Probablement une des meilleures imitations que j’ai entendue de la part d’une ou d’un Français.
Le réalisateur expliquait que « c’était une petite vengeance » : « Il y a neuf ans que nous vivons ensemble et il m’est parfois arrivé de vivre des situations assez surréalistes en la voyant s’immerger complètement dans un personnage. À l’époque de l’écriture, elle préparait le film de Xavier Dolan et cela m’a amusé d’imaginer qu’elle doive travailler cet accent. Marion joue souvent des rôles complexes et c’est une vraie bosseuse. Je trouvais comique de lui faire dire qu’un rôle devait soit avoir un handicap, soit un accent. À nouveau, on est complètement dans la dérision. »
Un autre beau moment du film est cette scène dans laquelle Johnny Hallyday explique à Guillaume que le rock, c’est fini, et que péter une chambre d’hôtel est même devenu complètement ringard. Quelle désillusion…
Au final, Rock N Roll est une belle excuse pour traiter de la peur de vieillir et de la difficulté qu’ont certaines personnes à l’assumer.
Note : 7/10
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