« Vous êtes une jeune femme libre »
Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula (Laetitia Dosch), de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.
Jeune femme, de Léonor Serraille, est ce qu’on pourrait appeler un film de réalisme social. Lauréat de la Caméra d’Or de la section « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes, ce long métrage nous rappelle ce que ça peut être que de se sentir paumé.
Au début, Paula nous agresse. Elle est tout simplement irritante. Mais, tranquillement, elle nous apparait comme une battante. Et, se battre, elle le fera du début à la fin de Jeune femme.
À mesure que le personnage évolue, notre façon de la voir change aussi. L’animal cède lentement sa place à une jeune femme déterminée, qui se prend en main. Bien que la façon de faire de Paula n’est pas nécessairement toujours la meilleure (mensonge, vol, etc.), on en vient tout de même à espérer la voir réussir. On ne peut que souhaiter qu’elle finisse par se placer dans la vie.
Paula change tel un caméléon, quitte à essayer des identités, comme quand, dans le métro, Yuki croit reconnaître en elle une amie d’enfance (et qu’elle accepte de jouer le jeu – un peu trop longtemps), ou lorsqu’elle se fait passer pour une étudiante en arts plastiques pour se faire engager comme baby-sitter. Même dans ce costume qui n’est pas le sien, elle creuse, elle avance.
Dans ce premier long métrage, la cinéaste dresse le portrait engagé et satirique d’une jeune femme singulière en recherche de son identité et en quête de liberté.
Comme c’est souvent le cas, c’est à la suite d’une rupture amoureuse que Paula doit se prendre en main. Après quelques difficultés, comme une scène en public où elle vole le chat de son ex, elle trouvera la motivation pour passer à autre chose et devenir une personne à part entière.
Jeune femme, c’est aussi le portrait d’une femme singulière, confrontée à la solitude dans une grande ville, le temps d’un hiver. Paula habite Paris. Et elle y est parce que son amoureux y vit. Mais maintenant qu’ils sont séparés, elle se sent complètement perdue dans cette ville qu’elle déteste.
Le titre du film vient probablement de l’image de Paula qui passe, psychologiquement, de petite fille à jeune femme, du statut d’objet à sujet. D’ailleurs, on peut y voir cette image dans la relation qu’elle entretient avec Lily, la petite fille de qui elle s’occupe.
Paula a l’énergie incroyable d’un enfant, la naïveté d’une touriste, et cherche comme un petit animal la bonne façon de se sentir bien. Elle déploie des talents qui nous font souvent défaut : l’élan, l’humour, l’insoumission, la liberté.
Paula, la jeune femme du titre, est un rayon d’espoir dans un monde qui est souvent sans pardon.
Note : 8,5/10
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