Manji, un samouraï hautement qualifié, est frappé d’une malédiction, celle de l’immortalité après une bataille légendaire. Hanté par le meurtre brutal de sa sœur, Manji sait que seul le combat contre le mal lui permettra de retrouver son âme. Il promet d’aider une jeune fille, Rin, à venger ses parents qui ont été tués par un groupe de sabreurs dirigés par le guerrier impitoyable Anotsu. Cette quête va changer Manji d’une manière dont il ne pouvait s’imaginer…
Blade of the Immortal est le 100e long métrage du réalisateur Takashi Miike. Le maître japonais est reconnu comme un réalisateur provocateur qui travaille tous les genres. Il est réputé internationalement pour Hara-Kiri : Mort d’un samouraï (2011), Shield of Straw (2013) en compétition à Cannes, ou encore 13 Assassins (2010) en compétition au Festival de Venise. En 2016, le festival Fantasia lui remettait le prix de carrière honorifique.
Pour son 100e opus, la provocation passe notamment par la violence. Pour ceux qui ont l’habitude des films de samouraïs de Kurosawa notamment, on a un traditionnel sentiment de longueur qui accentue l’aspect rationnel des actions des héros. Seulement, avec Miike, qui aime bien casser les codes, cette lenteur est entrecoupée de scènes relativement violentes.
On ne voit pas le détail des scènes les plus dures, mais vous y verrez du sang en quantité. D’ailleurs, deux scènes gigantesques d’affrontement encadrent le film. Un homme contre une centaine pour commencer l’historique de l’histoire. Dans le dernier quart d’heure, une scène de bataille avec près de 300 personnes restera dans l’histoire du cinéma. Cela étant dit, le film correspond très bien au manga original et les combats sont très bien rendus.
Malgré les libertés prises par Miike, nous faisons face à un film de samouraïs qui respecte les règles de l’art. Les paysages sont à couper le souffle. Les rochers, les arbres, l’eau, tous les éléments zen sont présents et renforcent la solitude du héros.
Nous assistons également à plusieurs leçons de philosophie zen notamment par rapport à l’inefficacité de la précipitation. Par exemple, pendant une démonstration de puissance, Anotsu Kagehisa nous apprend certaines leçons de stratégie militaire : connais le territoire, conquiers-le.
La vengeance également, qui est au centre de l’intrigue, est philosophiquement remise en question. Les différents personnages ont tous une raison de se venger d’un être cher disparu, ce qui dessine ainsi un cycle de violence infini. Manji essaie tant bien que mal de casser ce cycle en faisant comprendre à Rin que son père n’a pas été assassiné gratuitement.
Enfin, et non le moindre, la notion d’immortalité est présentée sous un aspect plutôt négatif face à des personnages qui n’en peuvent plus de vivre et de souffrir et qui souhaite simplement s’éteindre.
L’autre aspect traditionnel qui fait partie du scénario, c’est la présence de personnages qui appartiennent aux mythes et légendes japonais. Des entités immortelles amènent ainsi le respect, mais pas forcément la terreur. Un des personnages, probablement le plus réussi au niveau des costumes, est celui de Sabato Kuroï. Il a conservé la tête de 2 de ses victimes, notamment la mère de Rin.
Anecdote, son nom signifie habit noir et il est un personnage sombre qui a des goûts musicaux qui collent à son image, il cite de nombreux textes provenant des paroles du groupe Black Sabbath. Malgré tout, il reste un personnage capable d’aimer et s’adonne même à la poésie notamment lorsqu’il s’adresse à Rin : « Like sand, like long black hair. Like the brief flutter of a butterfly o’er the sea. Weeping in desolation, I look at the sky. All I am now, homesick and dreaming ».
En résumé, Blade of the Immortal est un film qui mérite d’être apprécié pour le respect du scénario original et les décors choisis. Les jeux d’acteurs sont précis et pleins de justesse. Aucune scène ne semble bâclée ou surjouée, ce qui est à remarquer devant certaines habitudes de jeu des films asiatiques.
Note : 7/10
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