« You can cut all the flowers, but you cannot stop spring from coming. »
« Ils pourront couper toutes les fleurs, ils ne pourront empêcher le printemps d’arriver. »
Pablo Neruda
Tomorrow’s Power est un long métrage documentaire qui présente trois communautés à travers le monde et leurs réponses aux urgences économiques et environnementales auxquelles elles sont confrontées. Dans la province d’Arauca, en Colombie, riche en pétrole et déchirée par la guerre, les communautés indigènes combattent pour se réapproprier leurs terres ancestrales. En Allemagne, les activistes luttent pour que le gouvernement adopte des énergies propres. À Gaza, des médecins tentent de trouver des solutions aux nombreuses coupures d’électricité, qui mettent la vie de leurs patients en danger.
La réalisatrice montréalaise Amy Miller (No Land, No Food, No Life [2013] et The Carbon Rush [2012]), dont les films ont été projetés dans plus de 80 festivals à travers le monde, fait de nouveau voyager le spectateur afin de montrer des problématiques liées aux changements climatiques et de présenter des exemples de mobilisation citoyenne. Le tout est porté par un espoir de changement social, à une période où nous en avons plus que besoin.
La planète souffre. Les populations souffrent aussi. Certaines personnes tentent de prendre les choses en main, de saisir le taureau par les cornes. Et pour ce faire, il faut souvent se battre contre les plus forts, contre ceux qui gouvernent.
Gaza. L’un des principaux enjeux à Gaza est l’approvisionnement en électricité. Dans un bras de fer entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, la ville subit de fréquentes coupures électriques qui affectent lourdement les milieux hospitaliers. Imaginez que vous êtes sur la table d’opération et que le courant cesse. Vous ne vous en rendrez certainement pas compte, mais vos chirurgiens, eux, devront continuer à vous opérer dans la noirceur, avec des lampes à batterie.
Des médecins tentent de trouver des solutions à cette situation qui touchent plus spécifiquement certains départements critiques : les soins intensifs, les blocs opératoires, les unités d’hémodialyse, etc. Ils doivent trouver des sources d’énergie alternatives, telles que l’énergie solaire captée à l’aide de panneaux.
Colombie. Une partie du territoire colombien est largement occupé par l’armée. On y exploite le pétrole, au détriment de la population qui peine maintenant à circuler sur les terres. Les populations indigènes ont été tassées de leurs terres ancestrales, qu’ils tentent de récupérer.
Ils se rencontrent, cherchent ensemble des solutions et se mobilisent pour faire entendre leurs droits. Ils se défendent avec force, mais sans violence contre une présence envahissante qui les brime.
Allemagne. C’est là que l’on retrouve la plus grande exploitation de charbon en Europe et, de ce fait, la plus grande source de CO2 sur le continent. Et les chantiers d’exploitation sont relativement près des populations. Comment faire pour convaincre le gouvernement de se tourner vers des énergies propres?
Plusieurs militants environnementaux de différents horizons se rencontrent dans un Climate Camp à Rheinland pour échanger, pour trouver des solutions. Ces militants ne veulent pas seulement que cesse l’exploitation du charbon, ils veulent pouvoir proposer des alternatives plus vertes. Dorothee Häußermann ira à la rencontre de différentes personnes et se rendra notamment à Jühnde, un village bioénergétique qui utilise des sources d’énergie renouvelables pour répondre à ses besoins énergétiques tels que l’électricité et le chauffage.
Ces trois récits s’entrecroisent tout au long du documentaire. Cela montre, d’une part, la diversité des problèmes environnementaux et sociétaux en lien avec l’exploitation énergétique et, d’autre part, la volonté citoyenne de faire changer les choses.
Amy Miller a remarqué, avec ses précédents films, que le public qui assistait aux projections en ressortait souvent désespéré ou enragé. Avec Tomorrow’s Power, elle souhaitait lui insuffler un peu d’espoir pour que les choses puissent changer : « An emotion even more powerful than anger that can transform spectators into agents of change is hope. Hope creates possibilities. Hope instills in us a sense of expectation and anticipation that what we want can come true. Tomorrow’s Power is a much needed film in relationship to climate change that will empower and motivate: To work hard and persist even in the face of massive obstacles, setbacks and failures. » [Une émotion encore plus puissante que la colère qui peut transformer les spectateurs en agents de changement est l’espoir. L’espoir crée des possibilités. L’espoir nous inculque un sentiment d’attente et d’anticipation que ce que nous voulons peut devenir réalité. Tomorrow’s Power est un film dont on a grand besoin en relation avec le changement climatique, qui va renforcer et motiver : travailler dur et persister même face aux obstacles massifs, aux revers et aux échecs.]
Tourné en trois langues, face à trois réalités différentes, Tomorrow’s Power montre que, peu importe où nous nous situons, nous faisons face à des problématiques écologiques et qu’il importe de se mobiliser.
Tout le monde est, de nos jours, responsable du sort de la planète. Chaque décision politique ou autre qui touche à l’environnement, qui contribue à sa destruction, doit être contestée. Et plus le nombre de contestataires est grand, plus ils sont solidaires, plus il y a de chances que la voix citoyenne se fasse entendre et permette que des changements soient apportés.
Plus près de chez nous, au Québec, la nouvelle loi encadrant l’industrie du pétrole est particulièrement inquiétante. Comment, en 2017, peut-on choisir d’ouvrir nos lacs et nos rivières à l’exploration et à l’exploitation du pétrole?
Des films comme Tomorrow’s Power, qui a d’ailleurs été nommé Best Documentary Feature Film Award au Sydney World Film Festival en 2016, sont nécessaires pour éveiller les consciences, mais aussi pour montrer aux gens que tout espoir n’est pas encore perdu.
Je laisse le mot de la fin à la réalisatrice : « I think that it is the type of film that sits with people and that they will remember and have reflections on over time. » [Je pense que c’est le type de film qui reste avec les gens et dont ils se souviendront et auront des réflexions au fil du temps.]
Note : 7,5/10
*Le film est présenté aux RIDM les 12 et 18 novembre 2017.
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