« My body is a costume I cannot take off. »
« Mon corps est un costume que je ne peux enlever. »
Sid Gill (Debargo Sanyal) sent la pression de ses parents originaires de l’Inde de se marier et d’élever une famille. Alors que Sid annonce au monde qu’elle est une femme, un garçon de 14 ans nommé Ralph (Jamie Mayers) se présente à sa porte en annonçant que Sid est son père. Bien que Ralph soit surpris de découvrir que son père est maintenant une femme, il pense qu’avoir un parent transgenre est assez cool. Mais Ralph n’a rien dit ni à sa mère (Amber Goldfarb), ni à son beau-père, à propos de son père biologique. Et puis, il y a l’amant de Sid, Daniel (Pierre-Yves Cardinal), qui n’a pas encore révélé à sa famille sa liaison avec Sid, et qui n’est pas prêt à accepter un beau-fils et à compliquer sa vie encore davantage. La sortie du placard de Sid a un effet boule de neige que nul ne pouvait prévoir. Que se passe-t-il quand les sexes, les générations et les cultures entrent en collision pour créer une famille vraiment moderne?
Le thème de Venus n’a rien d’original. Pourtant, le traitement qu’en fait Eisha Marjara rend son film unique. Il sera, d’ailleurs, présenté en première mondiale dans le cadre du Festival du nouveau cinéma de Montréal.
Venus, c’est avant tout un film sur l’acceptation de soi. S’accepter n’est pas facile de façon générale. Qui ne s’est jamais dit qu’il aimerait être quelqu’un d’autre? Qui n’a jamais dit qu’il voudrait changer quelque partie de corps ou de caractère que ce soit?
Imaginez donc le mal-être de Sid, qui se sent femme, mais est pris dans un corps d’homme… Pour lui (ou plutôt elle), la solution est de se vêtir, de se comporter et de se définir en tant que femme.
Je fais un petit aparté pour parler du plan d’ouverture. Une femme (Sid), sur un fond montrant l’espace avec une planète à l’arrière-plan, nous explique son sentiment de ne pas appartenir à notre monde. Le tout sur une musique qui représente bien la force de caractère du personnage. Un plan sublime, qui nous met immédiatement en contexte.
Ce qui m’amène à parler de la musique. Une trame sonore qui joue son rôle à la perfection. Par moments très présente et forte et par moments complètement effacée, elle crée non seulement une atmosphère, mais elle transmet l’émotion. Et lorsque l’on combine ça à la narration et au jeu des acteurs, tout y est.
Mais au-delà de l’acceptation de soi, il y a l’acceptation de la famille. Mais surtout, l’importance que représente la famille. Pour Sid, ce que pensent ses parents a beaucoup d’importance même s’il refuse de l’avouer clairement.
Son père, bien que sonné par la nouvelle, restera un soutien fort pour son fils (fille). Mais sa mère voit ses rêves brisés. C’est quelque chose qui revient souvent, encore aujourd’hui, que le rêve d’avoir des petits-enfants est « brisé » lorsqu’un parent apprend l’homosexualité de son enfant.
Et il y a Ralph… Le fils qui recherche inexorablement son père, et qui parvient à le trouver en Sid. Né d’une courte relation amoureuse d’université, le jeune de 14 ans ressent le besoin de s’identifier à un père « biologique ». Mais lorsqu’il découvrira que son père est en fait un transgenre, il… sera vraiment heureux d’avoir retrouvé ce parent qu’il aime déjà après quelques rencontres.
Ce fils s’avérera le plus grand allié de Sid. C’est lui qui l’amènera à se montrer à la face du monde. C’est lui qui l’amènera à danser dans un parc avec des inconnus (qui se foutront tout autant de l’orientation sexuelle que du sexe de Sid). C’est l’adolescent qui amènera Sid à se questionner sur sa relation avec Daniel. C’est le gamin qui fera prendre conscience à Sid que peu importe qu’il soit un homme ou une femme, qu’il est une personne respectable.
Et Venus pose une question importante : c’est quoi une « vraie » famille?
« L’histoire de Venus brise les barrières entre les gens et permet de se reconnaître dans la vie des personnages. Le thème central de ce long métrage – le désir d’amour et d’intégration – répond à une valeur universelle pour tous. » Cette phrase de la scénariste et réalisatrice résume bien le long métrage.
L’être humain aime – ou tend à – catégoriser les choses et les gens. On crée des normes et des « standards ». Mais qu’arrive-t-il lorsque les sexes, les générations et les cultures s’entrechoquent et créent une famille vraiment moderne?
Avec Venus, la réalisatrice montréalaise, Eisha Marjara, livre un plaidoyer bien nécessaire sur l’affranchissement des stéréotypes de genre, dans notre société de moins en moins tolérante.
Note : 8/10
*Le film sera présenté au FNC le 9 octobre 2017.
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