Fais tes prières!
Quand Gracie, fillette de huit ans, très croyante, se réveille après avoir entendu un gros bang, elle suppose que c’est juste maman et beau-papa à nouveau en train de se chicaner. Mais un cri à glacer le sang suggère quelque chose de plus sinistre, alors Gracie saisit une lampe de poche et se dirige vers l’escalier pour enquêter. Elle découvre, effrayée, le corps de sa mère déchiqueté et ensanglanté. Son beau-père croise son regard, la hache en main. Gracie s’enfuit dans le sanctuaire de sa chambre. Au lieu de se défendre physiquement, Gracie demande désespérément à Jésus de bannir le mal de sa maison.
Goodnight, Gracie de Stellan Kendrick proclame la résonance thématique de la « foi aveugle menant à la mort » par le pouvoir des clichés d’horreur et des histoires de suspense.
Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que Dieu résolve vos problèmes pour vous. Et pourtant…
On entend souvent des gens dire que telle chose est arrivée parce que Dieu le voulait bien. Ou encore d’autres personnes remercier Dieu lorsqu’ils réussissent quelque chose. Pour certaines personnes, ça devient même une excuse pour ne pas faire d’efforts. Et alors on entend quelque chose comme : « si je ne trouve pas d’emploi, c’est parce que Dieu veut que je reste à la maison », alors que la personne n’a pas pris la peine de chercher un travail. C’est la même chose pour certains problèmes…
Mais, plutôt que « d’avoir la foi », les gens devraient combattre les terreurs de la réalité et les drames familiaux et personnels. Vous ne pouvez pas ne rien faire et vous attendre à ce que Superman (ou Jésus) arrive et vous sauve. Ici, le surnaturel est une allégorie pour les problèmes familiaux de Gracie racontés par des tropes d’horreur et de suspense.
Les cinéastes ont longtemps utilisé la science-fiction et l’horreur pour exprimer des sujets tabous complexes. Goodnight, Gracie ne fait pas exception. On cherche non seulement à divertir avec des moments de suspense et des visuels stimulants, mais à frapper par des nuances thématiques qui ne peuvent être explorées (ou presque) que par des métaphores d’horreur.
On a donc droit à la croix du Christ, les draps protecteurs et les bruits étranges. Et, évidemment, l’enfant pure qui se retrouve devant le monstre, ici représenté par le beau-père.
Dans ce court métrage, le réalisateur utilise beaucoup les jeux de couleurs. En fait, comme il l’explique lui-même, il aime travailler ses prises de vue avec une ou deux couleurs à l’écran. Pourquoi si peu? Car, toujours selon lui, au-delà de cela, l’œil commence à se fatiguer et à se confondre.
Ici, c’est le bleu et le rouge qui sont principalement utilisés. Le sanctuaire de Gracie est dans les teintes de bleu, alors que le rez-de-chaussée, où la mère se fait massacrer, est plutôt dans les rouges.
Goodnight, Gracie est un petit film d’horreur très réussi. Il sera d’ailleurs présenté au SITGES, en première mondiale, puis au San Antonio Horrific Film Festival et au NYC Horror Film Festival en octobre.
Note : 7/10
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