« Le truc c’est que lorsque les pics-bois percent leurs trous, ils s’accrochent à l’arbre de la même manière que les gars vont aux fenêtres et s’accrochent aux rails afin qu’ils puissent nous parler. »
Julián (Jean Jean) trouve l’amour et quelque chose à quoi se raccrocher dans le dernier lieu imaginable : la prison. Lorsqu’il est embauché par Manaury (Ramón Emilio Candelario) pour servir de messager, il accepte le risque de châtiment brutal alors qu’il « accepte » de communiquer avec Yanelly (Judith Rodriguez Perez) de sa cour de prison à la sienne. Grâce à leur propre langage des signes, qu’ils appellent « pictogramme », Julián et Yanelly tombent silencieusement et inévitablement amoureux et décident de se battre pour leur romance secrète et interdite.
Carpinteros (Woodpeckers), de José María Cabral, est un film qui se déroule dans le milieu carcéral dominicain. Pour nous, Nord-Américains, ces conditions de détention semblent totalement impossibles. Mais, elles sont bien réelles.
La toute première chose qui frappe en regardant Carpinteros, c’est la quantité incroyable de détenus entassés dans la prison des hommes. Alors que Julián profite de sa visite guidée, son guide et lui doivent pratiquement se contorsionner afin d’éviter les détenus qui dorment sur le sol un peu partout.
Dire qu’ici les prisonniers ont le câble… Là-bas, il semble que le lit, ça se mérite. Sinon, avec du fric, on peut toujours réussir à se payer un tapis de sol pour dormir. Par contre, les femmes, elles, semblent jouir d’un peu plus de confort. J’imagine que le sexisme a parfois du bon…
Peu après son arrivée en prison, Julián se fait « recruter » pour devenir woodpecker. Il se plonge donc dans l’apprentissage du système de « Woodpecking », un langage des signes unique, utilisé par les prisonniers masculins pour communiquer avec les femmes qui sont dans le pénitencier adjacent tout juste à plus de 400 pieds de distance.
Tout en naviguant dans les indignités, la corruption et la violence quotidienne des gardes et des détenus, Julián apprendra à connaitre la belle Yanelly. Le Dominicain-Haïtien qui commence une peine de prison pour un vol mineur à l’intérieur de la célèbre prison de Najayo, juste à l’extérieur de Saint-Domingue, se retrouvera bien malgré lui dans une histoire où amour et violence se côtoient.
L’amour peut surgir dans les endroits les plus improbables, et Carpinteros (Woodpeckers) raconte un tel conte d’attraction illicite qui monte lentement en intensité. C’est donc debout dans les fenêtres ou dans les champs des prisons que des liaisons amoureuses et chaudes fleurissent. La relation qui se développe entre Julián et Yanelly est le combustible qui enflamme les événements du film.
Afin de maximiser le réalisme, le réalisateur a choisi de tourner dans la vraie prison de Najayo, avec de vrais détenus dans tous les rôles, sauf les rôles principaux. Et ça paie. D’ailleurs, le film a été sélectionné en compétition officielle lors de la dernière édition du Festival de Sundance. C’est aussi le film qui représentera la République dominicaine pour la prochaine cérémonie des Oscars.
Carpinteros est un film tout en atmosphère. Une histoire d’amour et de rivalité à l’intérieur des murs d’une des prisons les plus connues au monde.
Note : 7.5/10
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