Le Festival Présence autochtone en est à sa 27e édition, qui se tient du 2 au 9 août 2017. On y présente des films, mais également des expositions d’arts visuels, des rencontres littéraires et des concerts.
Je vous parle ici de deux courts métrages canadiens, très différents l’un de l’autre, mais qui ont un thème commun : la solitude. Dans le premier, elle est évidente. Dans le second, même si l’aspect communauté est présent, on ressent bien la solitude des personnages, leur isolement.
Un homme vieillissant (Lorne Cardinal) vit à l’écart, sur le territoire, poursuivant le mode de vie transmis par sa famille. Mais il devra faire des choix alors que les bouleversements du monde extérieur le rejoignent : l’eau ne cesse de monter anormalement autour de sa cabane. (fiction, 15 min., V.O. anglaise)
Quand ta maison (aussi petite soit-elle) et tes souvenirs sont tout ce qui te reste, tu t’y accroches parfois avec une certaine déraison. C’est le cas du personnage de ce film, dans lequel peu de paroles sont prononcées. Et elles seraient bien inutiles. Le poids des années pèse sur les épaules de l’homme. L’entêtement de celui-ci témoigne d’un refus de tourner la page, de laisser ses morts seuls, de perdre son dernier ancrage. Mais il fait tout de même preuve de lucidité, sans pour autant être prêt à agir.
L’image est belle, le jeu est bon, le film simple et efficace. Un court métrage à voir, et un cinéaste à surveiller puisque Kelton Stepanowich tourne, cet été, un premier long métrage.
Gods Acre est présenté le 2 août à 19 h 30, à la Grande Bibliothèque.
Un regard onirique sur le Canada du point de vue des nations Métis, Cri et Anishinaabe. Autour du bison et de son extinction, nulle amnésie : l’espoir veille. (animation documentaire, 13 min., V.O. crie et anglaise, s.-t. anglais)
En exergue au film, Strong note quelques phrases qui m’apparaissent ici importantes :
This is for my grandmother Olivine Bousquet.
It is also for those ancestors who walked before me,
People who carried Indigenous language and ceremony,
People who held the buffalo in a place of reverence and relied on them for sustenance
Before they were systemically destroyed and removed from the land
[Ceci est pour ma grand-mère Olivine Bousquet.
C’est aussi pour les ancêtres qui ont marché avant moi,
Les gens qui ont porté la langue et les cérémonies autochtones,
Les gens qui tenaient les bisons dans un lieu de révérence et s’appuyaient sur eux pour leur subsistance
Avant qu’elles ne soient systématiquement tuées et retirées de leurs terres]
C’est ainsi une histoire de résignation et de courage, de détermination et d’affrontements, qui est mise en images. C’est l’histoire d’un peuple persécuté pour ses terres – qui étaient notamment convoitées par les promoteurs de chemins de fer – et d’une famille, celle de la cinéaste, de l’impact de l’Histoire sur l’histoire autochtone, sur son histoire personnelle.
La chasse massive des bisons est au cœur du film, du fait que les peuples autochtones vivaient de la chasse (respectueuse) de ces bovidés et que ceux-ci ont pratiquement disparu. La folie des chasseurs insatiables a créé un déséquilibre, une tare. Il faut dire que le gouvernement voyait l’abattage de ces bêtes comme une façon de mettre de la pression sur les Indigènes qui en dépendaient.
L’une des images frappantes de Four Faces of the Moon est un monticule de crânes de bisons devant lesquels s’immobilise une pauvre bête menacée. La menace réelle change-t-elle de signification devant ces crânes? Cette image est inspirée d’une photographie célèbre d’un homme sur une pile de crânes de bisons d’Amérique que la cinéaste avait vu et qui l’avait horrifiée – et pour cause.
La technique d’animation est ici intéressante. Les images du film sont constituées de miniatures faites à la main, animées en stop motion. D’ailleurs, le monticule est constitué de 1000 crânes fabriqués à la main.
L’effet général de cette animation est différent, frappant. Un film poétique réussi!
Four Faces of the Moon est présenté le 4 août à 19 h, à l’Host Hotel (Kahnawake), et le 6 août à 17 h, au Cinéma du Parc (Montréal).
Plusieurs courts, moyens et longs métrages (près de 70 films au total) d’un peu partout sur la planète sont présentés à Présence autochtone. Consultez la programmation et laissez-vous tenter… 🙂
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