Voici mon deuxième et dernier texte sur les courts métrages à Fantasia. Mais si la formule du court vous plaît, n’hésitez pas à en visionner d’autres. Il y en a tellement, et moi je n’avais sélectionné qu’un échantillon de courts métrages québécois. Il y en a de plusieurs pays, pour tous les goûts.
Comédie, drame, horreur, thriller, western, science-fiction… avec acteurs ou en animation.
Deux orphelins résilients survivent des restes d’une humanité qui les a laissés pour compte. (Québec, 12 min., sans dialogues)
Un film post-apocalypse. Des voitures abandonnées dans les rues, une ville sale, désertée… ou presque. Aucun adulte, mais des enfants, plusieurs petits groupes d’enfants, et quelques chiens errants.
On pourrait dire que c’est un film sur l’itinérance juvénile, sur la déchéance, sur l’absence, sur le manque et sur l’entraide. Pourquoi l’entraide? Parce que les deux orphelins, malgré leurs chamailleries, sont les piliers l’un de l’autre. Ils sont tout ce qui subsiste.
En mode survie, les instincts sont en éveil et les sentiments mis de côté. Ceux-ci restent tout de même présents, en dormance, jusqu’à ce qu’un choc les ébranle…
Un court métrage esthétiquement très intéressant (et peu ragoûtant) et bien construit.
Deux enfants errent dans un monde mort où résonnent les échos dégénérés du passé. (Québec, 6 min., français)
Tout comme dans Anime, l’innocence est épargnée. Mais cette fois-ci, on connaît le sort des « grandes personnes », bien qu’on ne connaisse pas la cause exacte de leur disparition, du moins, pas tout de suite.
C’est l’errance plus que l’itinérance qui prédomine. Deux enfants marchent longtemps, sans but précis autre que de bouger, que de refuser l’immobilité et l’attente de la fin. Mais ce film, c’est surtout une magnifique critique des propos ridicules et mensongers qu’on entend notamment sur certaines radios de Québec (eh oui, Jeff Filion et ses acolytes sont ici visés) sur les changements climatiques et l’avenir de notre planète.
Une petite bataille de boules de neige amicale. (Québec, 1 min., français)
J’ai fait plaisir à la petite fille en moi qui se plaît toujours autant à écouter La guerre des tuques et qui a bien aimé l’animation de Jean-François Pouliot.
Dans ce court métrage (on insiste sur le « court »), c’est une véritable escalade. Les attaques sont plus grosses, plus fortes, plus sauvages. Mais l’amitié entre les deux gamins n’en est pas entachée.
Une bataille de boules de neige, c’est avant tout pour le plaisir, n’est-ce pas?
Ce n’est pas un dialogue.
C’est un monologue.
Cette conversation est rompue. (Québec, 2 min., sans dialogues)
Présentée en première québécoise, Broken Communication montre, à travers différents objets qui sont consommés, consumés, qui cuisent, etc., le passage du temps. Plus le temps file, plus le rythme s’accélère, plus l’image devient trouble, parasitée. L’écran noir s’élargit, jusqu’à occuper presque tout l’écran. Tout se détériore jusqu’à ce que la communication soit rompue.
Et pendant tout ce temps, des yeux nous fixe. Nous participons au film, nous buvons de ce vin, nous fumons de cette cigarette, nous partageons la même pièce, entourés des mêmes objets que l’observateur que nous observons à notre tour.
Un homme regarde le corps mort de sa femme. On remonte avec lui le fil du temps pour comprendre quels évènements ont mené à une telle conséquence. (Québec, 8 min., français)
Le film commence par la fin. Et c’est séquence par séquence que le film est présenté, les séquences les plus récentes précédant les plus anciennes. Le regard que l’on porte sur les personnages change, se modifie. La déconstruction donne du relief à une histoire qui aurait été beaucoup plus banale si elle avait été présentée dans l’ordre chronologique.
Six séquences, un film circulaire, inattendu.
La recette de l’un des plats les plus célèbres et des plus ennuyants du Québec. (Québec, 4 min., allemand)
Ce court métrage est présenté en première mondiale à Fantasia. Un film, comment dire, ragoûtant? Non, pas vraiment ce que je cherche. Dégoûtant serait plus juste. 😉
Il offre un tout autre point de vue sur le pâté chinois, un plat que j’aime bien (et que je m’abstiendrai de manger pendant quelques jours assurément). La préparation s’apparente à une véritable boucherie, au sens de combat meurtrier, avec une musique d’à-propos. La préparation est suivie de la dégustation, ou plutôt de l’engloutissement du dit-pâté. Des aussi gros plans sur des bouches qui mâchent, c’est peu commun.
Un film culinaire différent et efficace (si le but n’est pas de mettre le spectateur en appétit)!
Un vieil aventurier tente d’attraper une fleur mystérieuse dans les décombres d’un temple désert. (Québec, 1 min., sans dialogues)
Déterminé à mettre la main sur cette fleur attirante, le vieil homme est entraîné dans un univers magique. Une esthétique très réussie. Mais rapidement le spectateur s’éloigne changeant de perspective. Le vieil homme ressemble alors à une bête prise en cage, observée. Mais son enthousiasme et sa joie de se trouver là où il est ne sont pas compromises.
Peut-être est-ce une projection de ce que deviendra Estaban, le jeune héros des Mystérieuses cités d’or? 😉
Une étudiante de première année plutôt réservée commence à subir une étrange détérioration physique à la suite d’une rencontre fortuite dans un party. (Canada/Québec, 14 min., anglais)
Euh… si votre peau subissait une tout aussi étrange que subite détérioration, que feriez-vous? Iriez-vous rapidement consulter un spécialiste ou vous enfermeriez-vous dans votre chambre et choisiriez de vous arracher quelques fragments de peau qui décollent? Personnellement, je demanderais de l’aide. Mais le film n’aurait pas été le même. Faisons donc fi de ce détail…
Les amateurs de gore apprécieront certainement ce court métrage. La fin est, à mon avis, quelque peu décevante – il manque quelque chose, peut-être de l’émotion – tout comme le jeu de l’acteur Leigh Alderson. Lee Marshell s’en sort quant à elle plutôt bien.
Bons courts métrages, et bon Fantasia!
© 2023 Le petit septième