Les problèmes des enfants, ça n’en finit jamais. C’est comme des coups de marteau qui font mal à la tête, comme une migraine dont on ne se débarrasse pas et qui nous fait perdre la raison.
Fadma (Fadela Benmoussa), une guide touristique, est connue et appréciée par tous à Jamaa El Fna à Marrakech. Elle a élevé seule ses deux fils après la mort de son mari il y a 25 ans. Pressentant un danger imminent autour de son fils aîné Ahmed (Mouhcine Malzi) à la suite d’un rêve, elle décide de lui rendre visite en France, bien qu’elle ne soit pas rassurée de laisser derrière elle son cadet, Karim (Eko), un farfelu qui vit à ses crochets. En France, elle revoit sa petite-fille de 14 ans, Julie-Aïcha (Inès Arrom), qu’elle n’a pas vue depuis 6 ans, une adolescente dont le double prénom et la double identité s’affrontent…
Film d’ouverture des Vues d’Afrique et en sélection dans la catégorie Afrique connexion du même festival, Fadma (le film était jusqu’à récemment intitulé La main de Fadma) d’Ahmed El Maanouni est une comédie familiale marocaine. Le réalisateur a remporté pour ce film, en mars dernier, le prix de la réalisation à la 18e édition du Festival national du film de Tanger.
Fadma montre différents modèles de relations familiales : parfois plus humoristique (Karim et Fadma), parfois plus triste (Ahmed et Fadma) ou même violente (Julie-Aïcha et ses parents), du moins, verbalement. Julie-Aïcha dit ouvertement haïr les Arabes, bien que son père, son grand-père et tous ses ancêtres soient arabes. Mais malgré des propos parfois assez durs, un vent de légèreté souffle constamment.
Par moments, une narration en voix-off, assumée par Karim, explique certains détails, rentre davantage dans la tête des personnages et apporte ainsi un autre regard sur la situation. Ce personnage du bon à rien, de l’artiste aux coups tordus, est assez amusant, théâtral.
Par ailleurs, les rêves de Fadma permettent d’entrer dans un monde onirique où l’exagération et la théâtralité sont à l’honneur. Cela fera d’ailleurs écho à la pièce de théâtre à laquelle prend part Julie-Aïcha.
On se promène entre le Maroc et la France; un Maroc florissant face à une France désolée. D’un côté, il y a foule, c’est festif, animé, et de l’autre, on erre dans un village quasi fantôme. Tout est fermé ou a été délocalisé. Quant à Ahmed et sa femme, ils travaillent à garder leur entreprise à flot.
Ahmed est le fils tant aimé, admiré. Fadma rêve de le rejoindre, de passer du temps avec lui. Mais elle déchante vite, livrée à elle-même des journées entières, et tout aussi seule même avec lui. C’est sa belle-fille et sa petite-fille qui, au final, profiteront le plus de la visite de Fadma.
En partant pour la France, Karim se sent abandonné par sa mère. Fadma ne part pas l’esprit tranquille, étant convaincue qu’il fera des bêtises. Peut-être est-ce aussi ce qui lui permettra de construire quelque chose? Mais cela peut-il se faire sans problèmes?
Fadma ou les difficultés de la maternité, avec humour et légèreté.
Note : 7,5/10
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