« There’s lost and then there’s loss. »
Ben Young
Dans les années 80, Vicki Maloney (Ashleigh Cummings), 17 ans, est kidnappée au hasard par un couple dérangé. Alors qu’elle observe la dynamique entre ses deux ravisseurs, elle réalise qu’elle doit les retourner l’un contre l’autre pour avoir une chance de survivre.
Présenté au Festival de films Venice Days, Hounds of Love, de Ben Young, ne laisse pas indifférent. Tout au long du film on se promène entre frissons, écœurement et déceptions. Un film qui traite de violence physique et psychologique. Mais aussi un long métrage qui traite des difficultés familiales de l’époque, tels le divorce et le désir de liberté d’une ado.
Hounds of Love commence sur un magnifique ralenti. La caméra avance lentement, de côté, alors que l’action se déroule dans un ralenti encore plus prononcé. Ça provoque un effet de tension génial et on se sent immédiatement dans le regard de John (Stephen Curry) et Evelyn (Emma Booth), les kidnappeurs.
Pour augmenter l’effet pervers, une série de gros plans sur les corps des jeunes filles qui jouent au ballon dans la cour d’école se succèdent. Après seulement quelques secondes, on se retrouve pris dans cet univers glauque et on sait que ça risque de mal finir.
La première moitié du film est remplie de ces images au ralenti. De plus, lorsque les personnages sont en contrôle, la caméra est lente et scrutatrice, mais lorsque leurs mondes s’entrechoquent, elle devient plus frénétique plus dans le style cinéma-vérité. Pour augmenter ce sentiment de claustrophobie, les plans deviennent plus longs à mesure que l’histoire progresse. Et pour augmenter l’impression d’isolation à certains moments, les plans deviennent plus larges.
Autant la musique originale que les chansons de la trame sonore apportent un effet perturbant au film. La pièce originale de Dan Luscombe (que j’aurais voulu vous présenter ici, mais que je n’ai pas trouvée) est constamment présente dans les scènes plus glauques. Avec sa basse tonitruante, on ressent non seulement un malaise, mais aussi une curiosité malsaine. Que feront encore John et Evelyn? Comment pourront-ils se sortir de ce faux pas?
Cette pièce de Luscombe nous prend directement dans les tripes, et dans la gorge. Elle nous garde dans une constance position d’alerte. Elle permet au film de traiter d’un sujet difficile et confrontant sans tomber dans la violence gratuite. Cette violence (qui est presque insoutenable d’ailleurs) se déroule presque toujours hors champ. Une fois les actes terminés, on retrouve les personnages afin de revenir au côté psychologique de la lutte entre les 3 individus.
S’ajoute à cela une musique populaire des années ’60, ’70 et ’80, qui nous permet de nous identifier à chaque personnage, dû à la différence de génération entre chacun d’eux. J’ai particulièrement apprécié la scène dans laquelle John et sa femme droguent Vicky et la prennent de force pour l’attacher au lit. Cette scène se déroule alors que la chanson Nights in white satin de The Moody Blues joue.
Bien que ça n’affecte pas trop ma note finale (peut-être une perte d’un demi-point), la fin laisse à désirer. Le film est bien construit, et on se dirige dans des coins dérangeants, puis paf! Fin à la Hollywood. Tout est bien qui finit bien…
Autre petit point qui me dérange… Pour un couple qui n’en est pas à son premier enlèvement, ils sont un peu trop faciles à déjouer par une jeune femme naïve.
Le film se déroule presque entièrement dans la maison du couple. C’est là que se déroule le jeu d’échec entre les 3 personnages. En filmant à travers les cadres de porte, Young crée un effet d’emprisonnement. Par la structure même de la maison, celle-ci devient un personnage. Et on se demande si ce personnage est un allié du couple, ou s’il sera plutôt un allié pour la pauvre fille…
Hounds of Love bouge rapidement, confronte et traite de personnages impliqués dans le comportement humain le plus brutal. Malgré le sujet, le film dépeint au final le pouvoir de l’amour et comment il peut nous détruire ou nous aider à vivre un jour de plus.
Note : 8/10
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