C’est un message, ce film-là.
Fanny Ben-Ami
Du haut de ses 12 ans, Fanny (Léonie Souchaud) a la tête dure! Mais c’est surtout une jeune fille courageuse qui, cachée dans un foyer loin de ses parents, s’occupe de ses deux petites sœurs. Devant fuir précipitamment, Fanny prend alors la tête d’un groupe de huit enfants, et s’engage dans un dangereux périple à travers la France occupée pour rejoindre la frontière suisse. Entre les peurs, les fous rires partagés et les rencontres inattendues, le petit groupe fait l’apprentissage de l’indépendance et découvre la solidarité et l’amitié…
Bien que Le voyage de Fanny de Lola Doillon sorte en salle au Québec le 23 décembre, il ne s’agit pas d’un film de Noël ni d’un film très familial. Il n’est peut-être pas à déconseiller aux enfants, mais le sujet est difficile. Être juif pendant la Seconde Guerre mondiale était invivable. Être l’enfant d’un juif n’était pas non plus un sort à envier. Peut-être moins malmenés que les adultes (selon les personnes qui les arrêtaient), les enfants n’étaient pas non plus épargnés.
Il est important de signaler que le film est basé sur une histoire vraie, soit celle de Fanny Ben-Ami. Mais pas seulement sur l’histoire de cette femme. La réalisatrice a recueilli les récits d’autres enfants qui se sont cachés et a fait appel à des archivistes et des historiens.
On ne voit cependant pas de scènes de combat : « Ce qui m’intéressait c’était de vivre les événements à travers les yeux d’un groupe d’enfants. De montrer comment ces enfants, qui n’étaient pas sous les bombes, mais qui subissaient pourtant la violence de l’abandon et la peur d’être orphelin, ont vécu la guerre, et de la faire ressentir de leur point de vue », expliquait la réalisatrice.
Les rôles principaux sont donnés à des enfants qui jouent bien, avec conviction. Ce ne devait pas être facile de se représenter cette époque dont plusieurs n’avaient probablement encore jamais entendu parler. C’était troublant aussi de revivre cette guerre maintes fois adaptée à l’écran par l’entremise d’enfants.
L’innocence des enfants contraste avec le propos. Alors qu’ils sont dans une mauvaise posture, la plus jeune sœur de Fanny, Georgette, demande à un autre enfant plus âgé si c’est vrai qu’ils sont juifs. Il lui répond que oui. Et la fillette de lui répondre : « Ben, si c’est pas bien on n’a qu’à plus être juif. » Et elle ajoute : « si on arrête d’être juif on peut sortir. » Pour cette enfant, la solution est pourtant simple, il suffit de ne pas être ce qui est « mal ». Et le jeune garçon qui ne sait pas vraiment comment lui expliquer la situation, qui tente de lui faire comprendre que ce n’est pas mal, mais que c’est comme ça tout simplement. C’est une scène touchante et triste.
Les liens entre les enfants sont d’abord fragiles. Les points de vue diffèrent sur la personnalité de telle personne et sur la façon de s’en sortir. Mais devant l’adversité, des liens solides de confiance et d’entraide se créent. Ils ne peuvent réussir qu’en travaillant ensemble.
Pendant un temps, les enfants sont sous la responsabilité de Mme Forman (Cécile de France). La femme doit aider le groupe d’enfants à se déplacer à travers la France, mais elle ne peut le faire avec eux. Si elle se fait contrôler, cela peut les mettre en danger. Elle doit donc nommer une personne responsable parmi les enfants, un chef (et se sera Fanny).
Lorsque Mme Forman les prépare au voyage, elle est autoritaire. Elle les réveille la nuit, alors qu’ils sont très vulnérables et leur demande leur nom. La plupart des enfants lui fournissent leur vrai nom, mais elle insiste pour qu’ils lui donnent le nom qu’elle leur a attribué. Elle se doit d’être sévère pour que l’opération fonctionne. Les enfants doivent prendre cette affaire très au sérieux s’ils veulent avoir une chance de survivre.
Plusieurs autres adultes aident les enfants au péril de leur propre vie. Aider un juif est presque aussi terrible que d’être juif. Certains se porteront volontaires pour les aider, d’autres le feront un peu par hasard ne pouvant accepter de laisser à leur sort de pauvres enfants. Tel sera le cas de Jean (Stéphane De Groodt).
Le voyage de Fanny est un film d’actualité bien qu’il ait lieu en 1943, d’autant plus avec tous les conflits religieux qui ont cours. Une Troisième Guerre mondiale pourrait éclater et, compte tenu des armes beaucoup plus puissantes qui existent aujourd’hui, cette guerre ne durerait peut-être pas 6 ans avant que la planète ne soit détruite.
Note : 7,5/10
Je vous laisse ici sur une vidéo dans laquelle la réalisatrice et les acteurs, de même que Fanny Ben-Ami, nous présentent le film.
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