C’est une histoire vraie.
Comme toutes les histoires vraies, elle contient quelques mensonges.
Francisco Paesa (Eduard Fernández) a été un homme d’affaires, un banquier suisse, un marchand d’armes international, un playboy, un gigolo, un diplomate, un voleur et un agent secret : un espion. Paesa, trahi par le gouvernement espagnol, est obligé de quitter le pays. Quelques années plus tard, quand il revient, tout a changé : il est en faillite, sa réputation d’escroc et d’arnaqueur signifie qu’il est incapable de créer une autre entreprise et sa relation avec Gloria (Mireia Portas), sa femme de 15 ans, est sur le point de s’éteindre.
Dans ces circonstances, il reçoit la visite de Luis Roldan (Carlos Santos), le puissant ancien commissaire de la Police nationale espagnole, qui offre à Paesa un million de dollars s’il l’aide à sauvegarder douze millions de pesetas détournées du budget public que Roldan contrôlait. Cela devient une situation idéale pour l’esprit aigu de Paesa afin de planifier sa vengeance pour les actions passées du gouvernement et d’améliorer ses finances en trahissant son client. Avec l’aide de Jesus Camoes (Jose Coronado), son partenaire de toujours, ils orchestreront une opération complexe et brillante digne du meilleur illusionniste.
El hombre de la mil caras (Le manipulateur) est l’histoire incroyable et vraie de l’homme qui a trompé un pays tout entier. Il s’agit d’une histoire sur les arnaqueurs et les imposteurs inspirée par des événements réels et l’un des personnages les plus intrigants des dernières décennies.
Le film d’Alberto Rodriguez a remporté le prix Feroz Sinemaldia du meilleur film attribué par les journalistes et les critiques de film du monde entier accrédités au Festival international du film de San Sebastian en 2016, lors duquel le Silver Seashell du meilleur acteur a été remis à Eduard Fernández pour son rôle dans le film.
El hombre de la mil caras, basé sur le livre de Manuel Cerdan Alenda, c’est un thriller sans explosions, sans sang, sans poursuites en voiture, sans sexe et sans seins. Que reste-t-il? Des dialogues forts, des échanges d’enveloppes brunes, de la psychologie, de la politique et une intrigue merveilleusement bien ficelée.
Lorsqu’on mise sur la qualité du scénario plutôt que sur les effets numériques pour un thriller, on doit avoir des personnages solides. C’est le cas ici.
Francisco Paesa
À la fin des années 60, il a monté une arnaque audacieuse dans ce qui est maintenant la Guinée, fuyant avec des fonds amassés par une fausse Banque Nationale de Guinée et se réfugiant en Suisse.
Là, il a rapidement mis en place plusieurs sociétés financières et finalement fondé Alpha Bank. Pendant ce temps, il a vécu comme un millionnaire et a maintenu une affaire de longue date avec Dewi Sukarno, la veuve du dictateur de l’Indonésie. Finalement, il a fini en prison, accusé de fraude financière. Lors de sa libération, il a commencé à collaborer avec le ministère espagnol de l’Intérieur. Il a participé à la sale guerre contre l’organisation terroriste ETA, qui a depuis essayé en vain de le trouver et de l’éliminer.
Dans les années 90, il a été impliqué dans le plus gros scandale de corruption politique dans l’histoire de l’Espagne démocratique : l’évasion de l’ancien commissaire de la police nationale, Luis Roldan, accusé de détournement de fonds.
Jesus Camoes
Pilote de compagnie aérienne, il est le fidèle associé de Francisco Paesa, à qui il fait confiance malgré tous les mensonges de Paesa. Il s’éclate dans l’aventure et ainsi, chaque fois que Paesa l’appelle, il est prêt à tout.
Il est un personnage fictionnalisé qui agit comme un narrateur puisqu’il est la personne qui était la plus proche de Paesa. On pourrait imaginer que, d’une certaine façon, ils étaient amis.
Luis Roldan
Ancien commissaire de la police nationale espagnole, ce personnage est inspiré du Roldan des années 90 qui a détourné 1500 millions de pesetas des fonds de l’État. Et pourtant, ce n’était pas l’ambition qui l’a poussé, mais le besoin d’être accepté : « J’ai seulement fait ce que tout le monde faisait. »
Comme le narrateur l’explique, afin de faire disparaître de l’argent, il faut une équipe fiable. Pour y parvenir, Roldan avait besoin de quelqu’un avec peu ou rien à perdre. Encore mieux, rien. Pratiquement, un esclave. Puis, il y a l’esclave de l’esclave. Et finalement, il y a l’esclave de l’esclave de l’esclave… Vous voyez?
Ce qui est déprimant dans El hombre de la mil caras, c’est que l’histoire est semblable aux nouvelles qui circulent chaque jour à la télévision et dans les journaux. Et ça reflète ce que nous vivons toujours vingt ans plus tard. Les décisions importantes prises par les « grands hommes », les affaires de l’État, l’espionnage international, le commerce des armes… tout a été réduit à une sorte de jeu entre dupeur et dupé. Et comme le disait le réalisateur en entrevue : « En fin de compte, je ne pense pas que nous parlions de politiciens corrompus, d’espions, de voleurs et d’escrocs en général. Nous parlons de la façon dont le monde tourne, d’en haut, d’où Harry Lime a vu des gens comme les petites fourmis dans Le Troisième Homme. Sur la façon dont les grandes fortunes sont déplacées, sur la façon dont les grandes décisions sont prises, sur la façon dont les mécanismes les plus sombres et les plus sales de l’État sont arrangés. C’est une histoire de tricheurs et d’escrocs, qui parle de la tromperie et de l’art du mensonge. »
Ou un simple mardi dans la politique locale…
Note : 8/10
© 2023 Le petit septième