Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain (François Damiens) est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’oeil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour-là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre. Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid (Finnegan Oldfield), son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.
Les Cowboys est le premier long-métrage de Thomas Bidegain, lui qui a collaboré à la scénarisation de différents films dont La famille Bélier, De rouille et d’os et Dheepan. Le film a été nommé dans plusieurs festivals : il a notamment fait partie de la compétition officielle de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2015 et a été sélectionné dans 4 catégories aux César en 2016.
L’histoire se passe sur une quinzaine d’années, et le milieu islamiste qui y est dépeint rend le sujet d’autant plus actuel. Le film débute en 1994 : « C’est en nous documentant notamment sur le Gang de Roubaix, dont les membres avaient combattu en Bosnie au début des années 90, et s’étaient rapprochés de la mouvance islamiste, que nous avons compris que les premières manifestations du mouvement djihadiste remontaient au début des années 90, même si les exemples étaient encore peu nombreux. Ce qui est curieux, c’est la façon dont nous avons été rattrapés par l’actualité. Quand nous avons commencé à écrire, il y a 3 ans, personne ne parlait du phénomène. Par la suite, nous avons même eu peur d’être taxés d’opportunisme, alors que ce n’était pas du tout le cas », expliquait le réalisateur.
Les personnages vivent les événements du 11 septembre 2001 autrement de par la disparition de Kelly. D’autres actes terroristes djihadistes sont aussi mis de l’avant pour servir le récit. Mais le film se termine en 2011, avant la montée de l’État islamique. Cela reste tout de même criant d’actualité, malheureusement.
Les Cowboys, c’est aussi une relation père-fils. Alain cherche sa fille, mais il le fait avec son fils. C’est vital pour lui qu’il l’accompagne, que quelqu’un le supporte dans sa quête. La relation entre Alain et Kid tourne autour de la disparition de Kelly; elle est contaminée par la disparition de Kelly. Kid cherche tout de même à contenter son père, à lui plaire, à exister dans son regard, et ce, même si ça passe par sa sœur. La quête de son père finira par devenir la sienne…
L’entière communauté des cowboys est ébranlée par la disparition de Kelly, par la destruction de cette famille. C’est là une communauté tissée serrée, unie par une même passion pour la musique country. Le film commence d’ailleurs sur un rassemblement durant lequel Alain prend le micro le temps d’une chanson.
Lorsque Alain et Kid parcourent le monde à la recherche de Kelly, ils sont tels les cowboys américains parcourant de vastes espaces. Ils portent les traditionnelles bottes et le chapeau de cowboy.
La communauté islamique est aussi présentée comme une grande famille. On verra des camps nomades situés sur des terrains vagues, où les occupants se tiennent et se protègent les uns les autres. Lorsque Kid poursuivra ses recherches au Moyen-Orient, il sera l’étranger, celui dont on se méfie. Il ne fait pas partie du groupe, de la « famille ».
Les Cowboys présente la quête sans fin d’un père et de son fils, avec pour toile de fond la montée du djihad.
Les choix et actes des uns apparaissent parfois bien mystérieux aux yeux des autres.
Note : 8/10
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