C’est pas des boîtes à mall que j’va faire sauter, c’est ta tête!
Huit personnes se remémorent, chacune à sa manière, les événements des trois derniers jours de la vie de Louis-Régis Savoie, criminel notoire condamné à 25 ans de réclusion. L’histoire commence en prison alors que Mathieu, le jeune fils de Savoie, rendant visite à son père qu’il n’a pas vu depuis cinq ans, est témoin de son évasion… plus ou moins préméditée. Personnage flamboyant, Savoie va profiter pleinement de sa liberté en multipliant au risque de sa vie les gestes les plus fous, alors même qu’il fait l’objet d’une enquête policière. Il noue des contacts secrets avec le milieu judiciaire et journalistique, tout en retrouvant sa famille, son amie et ses copains. Tous ont intérêt à ce qu’il retourne derrière les barreaux. Mais qui le dénoncera?
Éléphant : mémoire du cinéma québécois a récemment restauré Requiem pour un beau sans-cœur (1992) de Robert Morin. Cela entre dans un vaste programme permettant au public d’avoir accès à notre patrimoine cinématographique : quelque 225 films ont déjà été restaurés. Pour marquer le coup, Requiem a été présenté dans le cadre du Festival international de films Fantasia le 26 juillet dernier, en présence notamment du réalisateur.
Ce long-métrage a été sacré meilleur film canadien au TIFF (1992); meilleur film québécois de l’année, prix de l’AQCC (1992); et meilleur scénario, prix de la SARDEC (1992). Il a par ailleurs eu une mention spéciale pour le scénario, au Festival International de Film de Vancouver (1992); quatre nominations aux prix Genie (1992) : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur acteur pour Gildor Roy et meilleur acteur de soutien pour Jean-Guy Bouchard; et a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes (1993). C’est donc un des films importants des années 1990 de notre répertoire.
Le personnage de Savoie est inspiré du célèbre criminel Richard Blass, qui a été abattu par la police, le 24 janvier 1975, à Val-David dans les Laurentides. Les crimes de Savoie ne sont pas étrangers non plus à ceux de Blass, quoique les circonstances et les victimes ne sont pas les mêmes. On ne peut nier la ressemblance, et ce, malgré l’avertissement au début du film que tout ce qui est présenté fait partie de la fiction. Le réalisateur a, malgré tout, crée une œuvre de fiction, du fait de sa subjectivité.
Requiem pour un beau sans-cœur est raconté à la première personne, selon le point de vue de huit personnages : le fils de Savoie, son avocat, sa mère, sa petite amie, son meilleur ami, la compagne du meilleur ami, un enquêteur et un journaliste pour un journal à potins. La caméra devient le personnage qu’elle représente. On repasse ainsi les mêmes événements qui apparaissent sous un jour différent s’ils sont racontés par l’un ou l’autre des personnages. Les versions se contredisent et on ne peut dire lequel des personnages présente la vérité. Chacun, à leur manière, présente ce qu’il croit être la vérité ou peut-être ce qu’il voudrait qu’elle soit…
Ce drame psychologique, que l’on pourrait aussi qualifier de polar, nous entraîne dans différentes directions et laisse le spectateur dans le flou. Aucune réponse n’est donnée, et c’est là une des forces du film. Robert Morin fera de même plusieurs années plus tard dans Endorphine, qu’il co-scénarise avec le réalisateur André Turpin.
Voyez ou revoyez Requiem pour un beau sans-cœur, ne serait-ce que pour l’incroyable performance de Gildor Roy.
Drogues dures, armes et violence : un mélange explosif!
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