Nous sommes tous issus d’ailleurs.
Nous autres, les autres est un essai cinématographique qui propose une immersion dans l’univers de quatre auteurs-acteurs-metteurs en scène et d’un comédien, dont les œuvres explorent la question de la quête identitaire. Tous montréalais, ils affirment l’urgence et la nécessité d’un autre regard sur la collectivité qui reflète un monde en mutation et une culture de plus en plus métissée.
Nous autres, les autres de Jean-Claude Coulbois a remporté, ex æquo avec Un homme de danse de Marie Brodeur, le prix de la meilleure œuvre canadienne à la 34e édition du Festival international du film sur l’art (FIFA). Le film de Coulbois pose une question très intéressante : peut-on lire une société à travers ses créations théâtrales?
Des auteurs, metteurs en scène et comédiens prennent parole et nous poussent à réfléchir à la question identitaire : « C’est une prise de parole lancée vers le public comme une prise de conscience pour dire les convulsions d’une époque où l’identité n’est plus singulière, mais plurielle et fragmentée », expliquait ainsi le réalisateur.
On rencontre ainsi un comédien venu d’Ukraine, Sasha Samar, dont la vie est mise en scène dans Moi, dans les ruines rouges du siècle, pièce écrite par l’auteur Olivier Kemeid. Le thème de l’exil est central dans l’œuvre et la vie de ce dernier qui est né à Montréal de parents immigrés. Mani Soleymanlou, né en Iran, ayant vécu à Paris, à Toronto puis à Montréal, nous est présenté à travers trois de ses spectacles : Un, un solo; Deux, un duo issu d’une collaboration avec l’auteur, danseur et comédien américano-québécois Emmanuel Schwartz; et Trois, un collectif d’écriture qui réunit 43 comédiens sur scène. Et on rencontre également Olivier Choinière dont la dernière création, Polyglotte, pose un questionnement sur notre société en tant que terre d’accueil.
Tous abordent la question de l’immigration, réfléchissent sur la place des immigrés dans la société québécoise. Sommes-nous aussi ouverts que nous le prétendons? Sommes-nous prêts à écouter ces gens issues d’ailleurs, à prendre en compte leurs demandes, à répondre à leurs craintes et à leurs interrogations? On peut parfois se le demander…
La scène apparaît ici comme un refuge, dans le cas de Sasha Samar. Il refait le parcours de sa vie, selon le regard d’un autre être à la recherche de ses racines. Tous mettent en scène des êtres aux identités multiples, porteurs d’un bagage unique.
Les lieux sont aussi importants, la communauté immigrante faisant partie intégrante de Montréal. Cette mixité culturelle fait partie de notre paysage, de qui nous sommes en tant que société. Mais que savons-nous exactement de cette communauté?
Nous autres, les autres offre à travers l’écriture scénique et le jeu théâtral des pistes de réflexion sur l’identité, sur notre société, sur notre époque.
Qui sommes-nous vraiment et qui voulons-nous devenir?
Note : 8,5/10
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