David Miller (Patrick Lapp) veut en finir avec sa vie. Ce vieil architecte malade met toutes les chances de son côté en ayant recours à une association d’aide au suicide. Mais Espe (Carmen Maura), l’accompagnatrice, ne semble pas très au fait de la procédure alors que David Miller tente par tous les moyens de convaincre Tréplev (Ivan Georgiev), le prostitué russe de la chambre d’à côté, d’être le témoin de son dernier souffle, comme la loi l’exige en Suisse. Le temps d’une nuit, tous trois vont découvrir que le goût des autres et peut-être même l’amour sont des sentiments drôlement tenaces.
La vanité de Lionel Baier est issu d’une anecdote qui lui avait été racontée par un étudiant : « Ce garçon étranger se prostituait dans un motel en périphérie de la ville afin de subvenir à ses besoins. Une nuit, il s’est retrouvé pris à parti par les occupants de la chambre adjacente à la sienne afin d’assister à un suicide assisté. À la suite de plusieurs rebondissements, l’euthanasie n’eut pas lieu. Ce qui frappait mon étudiant, c’est l’acharnement avec lequel les Suisses cherchaient à encadrer leur mort alors que dans son pays, on se battait pour survivre. » Cela a été le point de départ de l’histoire auquel plusieurs éléments de fiction se sont ensuite greffés.
Ce film aborde la question délicate de l’aide au suicide. Non pas du point de vue de la légalité comme c’est souvent le cas (on peut penser à Miele de Valéria Golino ou à La dernière leçon de Pascale Pouzadoux), mais plutôt de la procédure puisque cette pratique est réglementée en Suisse. Il faut évidemment répondre à plusieurs critères et fournir une attestation médicale.
On y aborde aussi la question des motivations de l’accompagnatrice, ici du personnage d’Espe. Qu’est-ce qui motive quelqu’un à vouloir aider son prochain à mourir? Et bien sûr, les motivations d’un « membre » de l’association qui bénéficie d’un tel accompagnement. Cela amène un autre questionnement : qu’est-ce qu’une raison valable de vouloir mourir? David répond-il à tous les critères?
La vanité ne tend pas vers le drame ou l’apitoiement. On ne cherche pas à tirer les larmes. Quelques scènes sont même cocasses. On est face à un homme pas toujours sympathique ni très altruiste, qui cherche à mettre un terme à ses souffrances. Cependant, on n’est pas certain de la direction exacte du film, qui semble hésiter entre le drame et la comédie.
Plusieurs images du passé sont montrées. Parfois, ces images semblent relever davantage du fantasme (ou du moins, le manque d’explication donne cette impression), telles que les exercices de gymnastique avec Tréplev. Je n’étais pas toujours certaine de leur pertinence, mais cela n’était pas non plus particulièrement dérangeant. Je me questionne tout de même sur l’intérêt d’ajouter une scène qui ne sera pas développée.
Dans ce film à dialogues, les mots ont certainement plus de poids que les images. Pratiquement tout se joue en un seul lieu, dans un vieux motel qui a connu des jours meilleurs à l’image du protagoniste.
À partir du résumé et de ce que j’en avais vu, je m’étais créé des attentes que le film n’a pas totalement comblées. La vanité reste un long métrage intéressant qui touche à un sujet controversé.
Finir sa vie dans la souffrance et la solitude ou choisir le lieu et la manière de sa mort?
Note : 6,5/10
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