David, la quarantaine, mène une existence routinière avec sa femme Maya et leurs deux enfants. Pour combler son épouse des derniers gadgets, il travaille seul jour et nuit comme concierge dans une maison de retraite. Mais quand il commence à soupçonner que Maya le trompe, c’est toute son existence qui vacille, le passé menaçant de tout emporter sur son passage.
Early Winter (Premières neiges), écrit et réalisé par Michael Rowe et mettant en vedette Suzanne Clément, Paul Doucet, Micheline Lanctôt et Didier Lucien, offre une vision assez pessimiste du couple et de la famille.
Un mari malheureux, qui ne vit que pour permettre à sa famille d’avoir un toit et de quoi manger… Une femme qui ne fait rien de ses journées, car elle ne parle pas français et semble n’avoir aucun intérêt à l’apprendre… Un couple qui ne passe plus de moments privilégiés ensemble. La triste réalité de certains est montrée, ici, sans artifices et sans enjolivements. Paul Doucet offre une performance sobre, mais ô combien efficace, afin de montrer la triste vie de cet homme qui en est à son 2e mariage, et bientôt à son 2e divorce.
Et à l’écoute des histoires de ses collègues, proche des résidents, l’homme partage en revanche peu de sa vie. Mais, à la façon dont il a de s’occuper d’une des résidentes en fin de vie, on comprend qu’il cache un désespoir profond. « Mon style est plus dans la retenue que dans l’expressif », explique Doucet.
Ce qui me frappe encore plus quant à l’image nauséabonde du couple montré par Rowe, c’est sa façon de décrire son sujet lorsqu’il dit : « Le monde occidental est resté bloqué dans une espèce d’adolescence attardée. On nous fait croire en l’amour dans le sens de “tomber amoureux” et ça devient un état cérébral psycho-chimique altéré, une vraie drogue. Le problème, c’est que vivre quinze, vingt ans sous le même toit avec la même personne et élever des enfants, ça n’a rien d’“idyllique”. Ça demande courage et abnégation. Une réalité qui est rarement exploitée comme telle au cinéma parce qu’on préfère s’évader devant un écran plutôt que d’y régler des comptes. » Oui, élever des enfants et vivre 20 ans avec la même personne ne peut être toujours facile et rose. Mais je ne crois pas que ce doit aussi être toujours aussi navrant. Mais il s’agit ici d’un simple point de vue.
Une chose me dérange avec le personnage joué par Suzanne Clément. En fait, ce n’est pas le personnage, mais plutôt le choix de l’actrice québécoise. Soyons clairs, je n’ai rien à reprocher à son jeu. Je me questionne plutôt sur l’idée de choisir une Québécoise francophone pour interpréter le rôle d’une femme russe exilée au Québec… Premièrement, elle n’a pas le look d’une femme d’origine soviétique. Deuxièmement, elle n’a pas l’accent typique ni distinct d’une personne qui aurait immigré d’un pays russophone. Ça ne me dérangeait pas outre mesure lorsque je croyais que le personnage venait d’Australie, mais lorsque j’ai compris qu’elle était Russe, j’ai été dérangé. Un détail, certains diront. Mais tout de même…
Quoi qu’il en soit, Early Winter (Premières neiges) parle de cette période de transition au cours de laquelle les partenaires d’une relation remettent en perspective leurs choix passés, choix qui peuvent être plus lourds lorsqu’on est immigrant. « Il y a des décisions que l’on prend quand on se met en couple et sur lesquelles on revient 5, 10 ans plus tard avec 2 enfants à charge et on se demande si c’est bien la vie que l’on voulait. »
Grand gagnant du prix du jury Venice Days (Giornate degli Autori), à la suite de sa présentation en première mondiale à la Mostra de Venise en septembre dernier, le film a été projeté en première nord-américaine au 44e Festival du nouveau cinéma de Montréal en octobre. Il arrive sur nos écrans ce vendredi. Et malgré le doute que je soulève quant au choix de l’actrice principale, Early Winter (Premières neiges) est un très bon film, qui montre une réalité trop souvent vécue.
Note : 8.5/10
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Yé je voulais le voir!!! Merci pour l’analyse! Ca me donne le goût! En effet, moi aussi en lisant le synopsis, je m’étais demandé pk ilavait choisi Suzanne Clément dansce casting…
Je me demande si ce n’était pas une exigence des coproducteurs. Puisque le Québec coproduit le film, on exigeait peut-être d’avoir une distribution québécoise. Mais ce n’est qu’une supposition.