Charlotte (Sophie Verbeeck) et Micha (Félix Moati) sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie (Anaïs Demoustier)… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…
À trois on y va, réalisé par Jérôme Bonnell, est une comédie romantique qui se démarque. Le réalisateur ne se contente pas de sortir les petits clichés simplistes, mais amène un questionnement qui n’alourdit en rien le film. Quoi de mieux qu’une histoire de triangle amoureux afin d’amener un questionnement sur le concept du couple.
On se promène aussi entre fantasme et réalité. Mais quoi qu’il en soit, l’idée qu’une même femme puisse avoir comme amant et comme maîtresse les deux personnes d’un même couple permet de créer des situations intéressantes et amusantes. Je pense, entre autres, à cette scène dans laquelle Mélodie se sauve en douce, car elle était avec Charlotte, mais, en arrivant dans la rue, elle croise Micha et lui dit qu’elle était venue pour l’embrasser. Puis, lorsqu’elle s’éloigne, Micha et Charlotte, qui ne se voient pas, font le même signe à leur amante afin de lui dire de rapidement aller se cacher. C’est une scène très drôle, que vous pouvez d’ailleurs voir dans la bande annonce. Évidemment, filmer quelqu’un qui ment permet de créer une tension, et des situations amusantes. Le défi, ici, était de créer un équilibre entre l’idée du mensonge à une personne que l’on aime et le fait que cela crée une grande souffrance.
Lorsqu’interrogé sur le film, le réalisateur explique que, pour lui, « l’idée que deux personnes en aiment tellement une troisième, qu’elles finiraient par tomber amoureuses l’une de l’autre, téléguidées par leur inconscient, parce qu’il y aurait un dépit partagé si fort, une empathie si réciproque, que cette identification à l’autre se transformerait en amour pur et simple. Cette histoire serait comme un fantasme, puisqu’on y éprouverait la liberté de dépasser tous les maux qui altèrent l’amour : mensonge, trahison, tristesse, jalousie… Faire naître de la paix là où d’ordinaire surgit le conflit. Une sorte de rêve d’amour humaniste. » Un point de vue qui paraît dans le long métrage.
Le fait de faire du personnage de Mélodie une avocate était aussi une idée brillante. Être avocat, c’est défendre sans toujours justifier, c’est aussi parfois (ou souvent) mentir quand on y est obligé, mais c’est aussi obéir aux valeurs morales de la justice et de la société. De fortes contradictions qui sont à l’image de la réalité. Bonnell ajoutait que c’est « un métier qui peut ressembler à celui d’acteur. Un métier où l’on s’exprime avec son corps, avec un texte – su ou improvisé – où l’on détourne sans cesse l’attention de certaines choses pour en souligner d’autres. Comme un geste d’artiste. »
C’est intéressant de voir un personnage comme Mélodie, qui ment tout le temps, mais qui est constamment victime de ses mensonges. Elle est complètement submergée par ceux-ci. Elle n’est jamais perverse, seule la situation l’est. C’est elle qui ment le plus puisqu’elle sait le mensonge des autres. Pour Bonnell, elle est un peu l’équivalent du réalisateur…
Finalement, n’est-il pas vrai que le mensonge n’attire que le mensonge? En fait, jusqu’à ce que celui-ci provoque la vérité. Non? À trois on y va est présenté, cette semaine, en sélection officielle, au festival Cinémania.
Note : 7.5/10
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