Adrien (Normand D’Amour), un garagiste d’une petite ville québécoise en bordure du fleuve Saint-Laurent, espère une greffe rénale depuis 5 ans. En attendant, sa vie est en suspens. Il tente tant bien que mal de préserver son garage, son couple, malgré les longues heures passées plusieurs fois par semaine en dialyse et son énergie qui s’étiole au gré de la maladie. Mais l’embauche au garage d’un jeune homme d’un village éloigné, Raphaël (Pierre-Yves Cardinal), déclenche dans la vie d’Adrien une suite de bouleversements qui vont le révéler de façon inattendue et troublante.
Le garagiste est le premier long métrage à titre de réalisatrice de Renée Beaulieu, aussi scénariste, réalisatrice (de plusieurs courts métrages) et productrice. En plus de détenir une maîtrise en littérature québécoise et un doctorat en études cinématographiques, elle est également pharmacienne. Ces études de pharmacie lui ont d’ailleurs servi pour le scénario de ce film. C’est en travaillant à la pharmacie de son conjoint qu’elle a été témoin d’un cas, qui lui a inspiré le personnage d’Adrien.
C’est avec un micro budget que la réalisatrice a donné vie à ce projet qu’elle caressait depuis 6 ans. Mais le film s’en sort bien malgré tout, ayant été présélectionné dans trois catégories au Festival de Cannes (La semaine de la critique, La quinzaine des réalisateurs et La sélection officielle).
Adrien vit dans l’attente d’un rein qui lui redonnera énergie et vitalité. Depuis 5 ans, il passe 12 heures par semaine en hémodialyse, à raison de 3 rencontres de 4 heures. Il tente de garder espoir, mais son moral semble durement atteint. Il doit suivre un régime strict et contrôler la quantité de liquide qu’il absorbe, sans avoir la certitude que son calvaire prendra fin. Encore et toujours dans l’attente d’un téléphone de l’hôpital. Le rythme du film est d’ailleurs plutôt lent, à l’image du temps qui passe, du temps de l’attente.
Le film prend place à Trois-Pistoles, et le paysage est central. Adrien vit au rythme du fleuve. Ses sorties en bateau lui permettent de reconnecter avec le monde. Il marchera longuement sur les berges, et c’est face à ce paysage qu’il prendra ses décisions importantes.
L’amour est aussi au cœur de ce film. Adrien partage sa vie depuis près de 20 ans avec Anna (Nathalie Cavezzali). Mais leur vie de couple, comme tout le reste, est en suspens et est durement atteinte par la maladie d’Adrien. Et une ancienne passion refera surface…
Un petit bémol par contre sur le choix de filmer en caméra épaule. Cela ne m’embête pas outre mesure, mais je trouvais la caméra, principalement au début du film, un peu trop instable.
Sans dialyse, le sang n’étant pas filtré, une personne souffrant d’insuffisance rénale ne peut survivre au-delà de dix jours. Un autre questionnement actuel est alors soulevé en lien avec les conditions de vie d’un malade et son choix de vie ou de mort. Quand on sait que plus de 75 % des demandeurs de la liste d’attente pour une transplantation au Québec attendent pour un rein (soit plus de 1000 personnes), cette histoire s’ancre davantage dans le réel.
Le garagiste est un bon film sur la maladie, l’amour, la vie.
Note : 7/10
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