Pour mon huitième texte de 12 sur le cinéma italien, j’ai décidé de me déplacer en Sicile.
Des années 30 aux années 80, de Cicco à son fils Peppino, et à son petit-fils Pietro, Baarìa nous entraîne dans une odyssée peuplée de personnages habités par des passions et des utopies qui les imposent comme de véritables héros. À travers leurs amours, leurs rêves et leurs désillusions, cette fable drôle et nostalgique dresse le portrait d’une petite communauté sicilienne, microcosme où se joue une comédie humaine universelle.
Durant la période fasciste, sa condition de simple berger laisse à Cicco la liberté de s’adonner à ses passions : les livres, les poèmes épiques, les grands romans d’amour populaires. Son fils Peppino va être le témoin de la famine et des injustices perpétrées pendant la Seconde Guerre mondiale qui le pousseront à s’engager politiquement. À l’issue de la guerre, il rencontre la femme de sa vie. Mais Peppino est devenu communiste et tous s’opposent à leur union. Les amoureux sont pourtant bel et bien déterminés à vivre leur passion au grand jour…
Dans ce film de Giuseppe Tornatore, Bagheria – surnommée Baarìa par ses habitants (en sicilien) – petite ville de la province de Palerme, est le théâtre d’une saga familiale qui s’étend sur trois générations.
Mais avant même sa sortie, Baarìa faisait parler de lui en tant qu’une superproduction titanesque. En effet, pour la production du film, les studios ont construit le plus grand décor de cinéma depuis des décennies, après Pirates de Roman Polanski, pour un coût de 15 millions d’euros.
Le cinéma italien aime beaucoup se pencher sur la Seconde Guerre mondiale. Baarìa ne fait pas exception. Mais ici, ce n’est pas le thème principal. Même que le film ne comporte qu’une seule scène de bombardement. D’ailleurs, Tornatore avoue que cette scène servait avant tout d’excuse pour donner un écho historique afin de mettre en valeur les tragédies personnelles de ses personnages. La guerre apparaît donc autrement, avec ces images de jeunes partant au front par exemple, ou ce personnage du pasteur qui massacre son pied pour éviter de se joindre à l’armée.
Par contre, le fascisme tient une place importante dans le film. C’est de là que part tout le volet politique du long métrage. Le réalisateur y intègre ainsi le communisme et le socialisme, nés après la guerre.
De manière similaire, la présence de la Mafia est montrée de manière incidente, souterraine, sans jamais souligner son influence. « Les journalistes s’attendent à voir présentée la Mafia comme une pieuvre, avec des tueurs en action. Je tenais à échapper à ce cliché. » Je dois dire que Tornatore a très bien réussi. Tout au long du film, on sent la présence de la Mafia, mais sans trop la voir. Pas besoin d’une scène de meurtre sanglante ou d’explosion pour souligner la présence de la Mafia, et son influence. Les personnages en parlent constamment. Elle contrôle tout. À un moment, le père de Peppino souligne son influence grandissante. À la fin du film, le fonctionnaire responsable de l’urbanisation est un mafieux. Quand on voit la campagne électorale menée par la Démocratie chrétienne, on comprend aussi que la Mafia contrôle tout.
Baarìa représente donc une réalité typiquement italienne. Des années 1930 jusqu’aux années 1980, on voyage en Sicile, cette région chère au réalisateur. Et puisque l’on parle de voyage à travers les époques, la scène finale remonte le temps pour nous offrir un panorama historique qui résume tout.
© 2023 Le petit septième