Irène (Jasmine Trinca) vit seule dans une maison au bord de la mer non loin de Rome. Son père et son amant la croient étudiante. En réalité, sous le nom de code Miele, elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement en leur administrant un barbiturique puissant. Un jour, elle procure une de ces doses mortelles à un nouveau « client », Monsieur Grimaldi (Carlo Cecchi). Elle découvre cependant qu’il est en parfaite santé mais qu’il veut mettre fin à ses jours, ayant perdu goût à la vie. Bien décidée à ne pas être responsable de ce suicide, elle va tout faire pour l’en empêcher.
Basé sur le roman Vi perdono d’Angela del Fabbro, Miele aborde un sujet qui est actuellement beaucoup discuté autant en Europe qu’en Amérique du Nord, soit le suicide assisté. Qu’est-ce qui a attiré la réalisatrice, Valéria Golino, dans ce projet? « Tout d’abord, l’euthanasie est un sujet tabou en Italie, bien plus que dans n’importe quel autre pays européen. C’est en grande partie dû à l’influence du Vatican et à notre héritage catholique. Mais j’ai le sentiment que même si le peuple italien est prêt à faire face à ce sujet et à d’autres problèmes éthiques, les hommes politiques eux ne le sont pas. » Parce que quel politicien serait prêt à jouer son pouvoir sur ce genre de question?
Golino amène le sujet d’une façon intéressante et sans fioritures. Elle nous présente « Miele », une jeune femme d’une profonde vitalité – d’autant plus accentuée qu’elle est en contact permanent avec la douleur et la mort – qui travaille illégalement comme « assistante de suicide » pour des gens qui sont en phase terminale ou dans une situation sans espoir et en grande souffrance. Cette jeune femme doit régulièrement se déplacer de l’Italie au Mexique dans le but de se procurer les médicaments permettant d’abréger les souffrances de ses clients.
Bien que la réalisatrice ait une opinion sur le sujet, elle réussit à ne pas faire un film « pamphlétaire » en faveur ou en défaveur du suicide assisté. Elle reste nuancée et ne crée pas des « méchants » inutilement. Elle disait tout de même en entrevue : « Je crois que chaque être humain doit avoir un droit de contrôle sur son corps, sur sa vie et sur la manière d’y mettre un terme. Cela étant dit, je ne souhaite pas faire de ce film un manifeste. D’ailleurs, il ne donne aucune réponse, il ne se contente que de poser des questions. J’aime à penser que le film traite des changements de conviction, des préjugés et des peurs que nous avons tous. »
Sorti en 2013, Miele était peut-être légèrement en avance sur son temps. Disons que le sujet du suicide assisté semble avoir atteint des sommets en 2014, alors que plusieurs pays, dont le Québec (ok ce n’est pas un pays, mais c’est la seule province canadienne qui a ouvert le débat), ont décidé de s’interroger sur le sujet. Certains pays ont d’ailleurs déjà rendu la chose possible et, à l’opposé de ce qu’en disent les détracteurs, cela n’a pas causé une grande vague de suicides.
Est-ce que Miele aura participé à ouvrir le débat en Italie? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, il s’agit d’un des bons films que j’ai vus cette année.
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