Troisième texte d’une série de 12 sur le cinéma italien.
En 1939, Guido Roberto Benigni), jeune homme plein de gaieté, rêve d’ouvrir une librairie, malgré l’administration fasciste en place. Il tombe amoureux de Dora (Nicoletta Braschi), institutrice étouffée par le conformisme familial et l’enlève le jour de ses fiançailles avec un bureaucrate du régime fasciste. Cinq ans plus tard, Guido et Dora ont un fils : Giosuè. Mais les lois raciales sont entrées en vigueur, et en tant que Juifs, Guido et Giosuè sont déportés vers un camp de concentration allemand. Par amour pour eux, Dora monte de son plein gré dans le train qui les emmène au camp où Guido veut tout faire pour éviter l’horreur à son fils. Il lui fait alors croire que les horreurs du camp allemand font en réalité partie d’un jeu dont le but serait de gagner un char d’assaut, un vrai.
La vita è bella est une fable philosophique sur un homme qui a décidé de protéger son fils de la seule façon qui lui est possible… par la joie de vivre.
Chaque fois que je regarde ce film, je suis envahi par un sentiment étrange. Je ne suis toujours pas capable de le définir. Mais chaque fois, je me demande : comment quelque chose d’aussi horrible peut à la fois être si beau? Si le cinéma contemporain italien a fourni un chef-d’œuvre, c’est bien La vita è bella.
Roberto Benigni réussit à créer une œuvre simplement puissante. Le début du film n’est que bonheur, joie et émerveillement. Par exemple, lorsque Guido dévale une colline à bord d’une voiture qui n’a plus de freins et qu’il hurle aux gens de se tasser en faisant de grands signes qui ressemble de façon étrangement amusante au salut fasciste. Guido, par sa joie de vivre et sa faculté à émerveiller et à faire coïncider les choses, est incroyablement attachant. Bien entendu, il est séducteur. Après tout, il est italien…
Mais sérieusement, cette fable qu’est La vita è bella ne peut laisser indifférent. Mais, contrairement aux autres films qui traitent des camps Nazi des années 1940, on ne mise pas sur l’horreur de la chose. Tout le monde sait que ce qui s’y est produit était atroce. Alors, pourquoi passer encore deux heures à les regarder? Non, Benigni a choisi de montrer ce qui pouvait être beau. Un père héroïque, réaliste, amoureux. Non, il ne tuera pas les « méchants ». Non, il ne délivrera pas tous les Juifs. Que lui vaut donc le titre de héros? Il réussira à éviter un énorme traumatisme à son jeune fils de 4 ans.
La musique joue un rôle majeur dans cette œuvre. À plusieurs reprises, Offenbach revient. En fait, cette pièce revient à chaque fois que Guido veut faire savoir à Dora que tout va bien. Cette chanson devient un hymne à l’espoir.
Oui, j’ai vu ce film à plusieurs reprises. Oui, je le regarderai sûrement encore. Pourquoi? Je n’en sais trop rien. Peut-être à cause de l’espoir… Une chose est sûre, je le reverrai lorsque j’aurai
un enfant. J’imagine que notre vision de la vie change lorsqu’on est parent. D’ailleurs, j’aimerais que les pères et mères qui lisent mon texte me disent s’ils feraient le même sacrifice que Guido. C’est bizarre, mais je suis persuadé que plusieurs seraient prêts à faire ce même genre de sacrifice.
Mais l’autre message de ce film est certainement qu’il faut toujours afficher la joie de vivre. La vie est belle et il faut profiter de chaque petit moment. Car elle est belle, mais elle peut aussi être courte.
© 2023 Le petit septième
Excellente analyse… Et j’imagine la force qui doit se développer dans de telles circonstances de sauver l’innocence de ses enfants et de vouloir les préserver de l’horreur et de la folie des hommes… Mais je dois avouer que son imagination hallucinante pour inventer cette histoire me fait envie. Pas les circonstances bien sûr mais la capacité de renouveller la réalité et de la faconner ainsi pour son fils m’émeut…