La réalisatrice canado-norvégienne Torill Kove est de nouveau dans la course à l’Oscar dans la catégorie court métrage d’animation avec Ma Moulton et moi. Elle avait remporté cet Oscar en 2007 avec Le poète danois (2006). Et elle s’était démarquée en 1999 avec Ma grand-mère repassait les chemises du roi.
Ses courts métrages produits par l’ONF sont colorés et rafraîchissants. Narrés par des enfants ou des petits-enfants, les films témoignent d’un imaginaire propre à l’enfance, où se côtoient naïveté et lucidité.
Ma moulton et moi est raconté du point de vue d’une jeune fille de sept ans. Elle parle de ses parents qui sont non conventionnels, ce qui la met parfois mal à l’aise (tout particulièrement le fait que son père porte la moustache et qu’il soit le seul dans toute la ville à en avoir une). Elle envie l’autre famille qui vit dans le duplex. Ils semblent si normaux, mais cela les rend-il plus heureux dans l’intimité?
La voisine et meilleure amie de la narratrice porte des robes à la mode tandis que la narratrice et ses deux sœurs portent quant à elles les robes que leur mère leur confectionne et qui leur donnent l’air de sortir tout droit « d’une exposition au musée d’art contemporain », comme leur dit si gaiement leur père. Est-ce bien le compliment recherché par les jeunes filles? Peut-être pas.
Les trois sœurs attendent tout au long du film la bicyclette promise par leurs parents. Elles resteront pour le moins surprises devant la Moulton, importée d’Angleterre, elles qui désiraient une bicyclette semblable à celle de la voisine. Mais ce court film est en fait une apologie de la différence. Cette famille d’artistes est très heureuse, et ce, bien qu’elle se démarque des autres habitants de la ville.
Dans Le poète danois, il est question de hasard. On raconte avec poésie les circonstances particulières qui mènent à la rencontre de deux couples. Si le poète danois ne s’était pas rendu en Norvège sur la recommandation de son docteur, qu’une forte pluie ne l’avait pas surpris à son arrivée, qu’il fut effrayé par un chien etc., il n’aurait pas fait la rencontre de sa bien-aimée (et leur histoire d’amour ne sera pas sans difficulté). Et d’une histoire peut en naître d’autres… Et c’est de ces rencontres fortuites que naissent les enfants…
Dans Ma grand-mère repassait les chemises du roi, la jeune narratrice raconte les histoires que sa grand-mère lui racontait, dont l’une portait sur le repassage des chemises du roi. Elle aborde aussi la Seconde Guerre mondiale en Norvège et explique notamment le rôle crucial de sa grand-mère repasseuse, qui lutta à sa manière contre les soldats ennemis.
Qu’il s’agisse d’accepter sa différence, de remonter le fil des aventures ayant mené à une naissance ou d’agrémenter d’une part mythique certains récits familiaux, les univers de Torill Kove plaisent par leur originalité et leur simplicité.
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