Présenté le 21 septembre dernier en clôture de Film Pop au festival Pop Montréal, Whiplash de Damien Chazelle fait une incursion dans le monde du jazz en présentant tout le travail des artistes qui souhaitent percer dans ce dur milieu. Le film a d’ailleurs remporté le Grand prix du jury et le Prix du public du dernier Festival de Sundance. En 2013, le réalisateur avait présenté au même festival le court-métrage Whiplash, qui avait alors gagné le Prix du Jury.
Andrew (Miles Teller), 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher (J.K. Simmons), professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence…
Dans sa note d’intention, Chazelle expliquait ses motivations : « Il existe beaucoup de films sur la joie que procure la musique. Mais en tant que jeune batteur d’un orchestre de jazz dans un conservatoire, je ressentais bien plus souvent de la peur. La peur de rater une mesure, de perdre le tempo. Et surtout, la peur de mon chef d’orchestre. » Il s’intéresse au parallèle entre l’angoisse vécue par le musicien et le style de musique qui symbolise plutôt la joie et la liberté. Le film tourne ainsi autour des thèmes de la persévérance, de l’abandon, de l’écrasement et de la performance, où les artistes se livrent une véritable guerre, avec leurs instruments, dans la salle de répétition.
Andrew souhaite, par tous les moyens, atteindre les plus hauts sommets de l’excellence. Il passe d’ailleurs par une large gamme d’émotions, qui va de la terreur à l’exaltation. Il choisit de mettre de côté l’amour afin de se concentrer à 100 % sur sa musique. Il ne veut qu’aucune distraction ne l’éloigne du but qu’il s’est fixé. Il veut que Fletcher soit content de sa performance. Lorsqu’il prend confiance en son jeu, il est vite découragé par son chef d’orchestre qui lui en demande toujours plus, le plus souvent avec violence. Il le pousse à l’excellence, en le rabaissant cruellement quand il n’y arrive pas. Quelle est alors la limite acceptable?
Andrew passe de longues heures à se pratiquer faisant abstraction des ampoules et du sang sur ses mains, les plongeant dans un contenant d’eau glacé à l’occasion pour engourdir la douleur. Chazelle nous présente d’ailleurs quelques gros plans très intéressants de la batterie d’Andrew, où les cymbales et les tambours résonnent et ruissèlent de la sueur et du sang du batteur.
Un parallèle est établi avec Charlie Parker, surnommé « Bird ». Un soir, il avait donné une prestation au Reno Club. Il avait raté son solo et avait été hué et ridiculisé. Plutôt que de rester sur un échec, il a travaillé avec acharnement pendant un an et, lorsqu’il est remonté sur les planches du Reno, il a été acclamé. Fletcher explique alors à Andrew que si on avait dit à Parker que ce n’était rien, il n’aurait probablement jamais travaillé aussi fort pour se rattraper et n’aurait pas passé à l’histoire comme l’un des plus grands musiciens.
Whiplash est un excellent film sur la détermination, qui plaira aux amateurs de jazz de même qu’à tous ceux sensibles au travail artistique.
Note : 8/10
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