En 1980, le réalisateur allemand Volker Schlöndorff remportait l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour Le Tambour. Vingt-quatre ans plus tard, il présente son 30e film, Diplomatie, qui a obtenu jusqu’à présent plusieurs nominations dans les festivals. La semaine dernière, il raflait le Prix du public Mel Hoppenheim 2014 au Festival de films Cinemania. Diplomatie est en fait une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Cyril Gely. Les deux acteurs principaux du film avaient d’ailleurs campé leur personnage sur scène; ils en avaient donc une connaissance intime.
La nuit du 24 au 25 août 1944. Le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz (Niels Arestrup), Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Issu d’une longue lignée de militaires prussiens, le général n’a jamais eu d’hésitation quand il fallait obéir aux ordres. C’est tout cela qui préoccupe le consul suédois Nordling (André Dussollier) lorsqu’il gravit l’escalier secret qui le conduit à la suite du Général à l’hôtel Meurice. Les ponts sur la Seine et les principaux monuments de Paris – Le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel – sont minés et prêts à exploser. Utilisant toutes les armes de la diplomatie, le consul va essayer de convaincre le général de ne pas exécuter l’ordre de destruction.
Personnellement, les films de guerre ne m’attirent pas. Surtout si ça se passe sur un champ de bataille. Mais celui-ci n’est pas un film de guerre traditionnel : c’est plutôt un combat singulier, basé sur les mots, où deux hommes argumentent sur l’avenir de la Ville lumière. Tout se joue à huis clos, dans la chambre d’hôtel du général allemand. À plusieurs occasions, les hommes vont à la fenêtre admirer Paris, qui se présente alors comme un troisième personnage.
Il faut dire aussi que le film présente une large part de fiction et n’est pas fidèle à l’Histoire. Il est vrai qu’Hitler a ordonné à son général de défendre coûte que coûte Paris ou alors de ne laisser à l’ennemi qu’un champ de ruines. Mais la rencontre entre Von Choltitz et Nordling n’a pas eu lieu cette nuit-là, mais ils se connaissaient. D’ailleurs, André Dussollier confiait qu’après une représentation au théâtre, il avait rencontré la petite fille de Nordling : « Elle m’a montré une photo de son album de famille où l’on voyait son grand-père à Orgeval avec Choltitz, huit ans après la guerre. Ce témoignage montre à quel point ils auraient pu être amis s’ils n’avaient pas appartenu à des camps adverses. »
Diplomatie montre que le courage et la ruse peuvent parfois être payants, et je ne surprendrai personne ici en disant que Paris n’a pas été détruit. Et heureusement! C’est l’une des plus belles villes que j’ai eu le plaisir de visiter.
Mais la véritable leçon de ce film est que le pouvoir de la parole peut être la plus puissante des armes.
À voir!
Note : 8,5/10
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