Le premier film de Jeanne Herry, Elle l’adore, est présenté au Festival de films Cinemania le vendredi 14 novembre. La réalisatrice montre un aspect de l’univers de la musique, par le rapport chanteur-fan. Il faut dire qu’elle a une connaissance intime de ce milieu, étant la fille du chanteur français Julien Clerc. Son film est né d’un projet vieux de 10 ans, qu’elle a longuement mûri tout en poursuivant une carrière d’actrice et de metteur en scène. Elle l’adore fait parti de la sélection officielle au Festival du film francophone de Dublin (Irlande) de même qu’au Festa do Cinema Francês (Portugal), qui ont cours tous les deux en novembre.
Muriel (Sandrine Kiberlain) est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, elle aime raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi la première fan du chanteur à succès Vincent Lacroix (Laurent Lafitte). Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie. Lorsqu’une nuit Vincent, son idole, sonne à la porte de Muriel, sa vie bascule. Elle est entrainée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer.
Le film commence avec la mort accidentelle de la conjointe de Vincent. Craignant pour son image, plutôt que de rapporter l’accident à la police, il choisit de se débarrasser du corps. Le film prend alors des airs de polar, où l’humour est tout de même présent. Les deux enquêteurs, Coline (Olivia Côté) et Antoine (Pascal Demolon), sont presque aussi importants que les personnages de Muriel et de Vincent. Ils sont en couple, mais leur relation est difficile puisque Coline est incapable de lui être fidèle. Les tensions dans leur binôme jouent un rôle dans l’enquête sur le meurtre de la femme de Vincent. Coline n’étant pas insensible au charme du chanteur, Antoine le trouve d’autant plus suspect.
Lorsque Muriel devient suspecte, elle réalise que ses mensonges sont plus crédibles que la vérité. Alors elle s’y rattache : mieux vaut rester dans l’invention pour avoir une chance de s’en sortir… Sandrine Kiberlain parlait d’ailleurs de cet aspect de son personnage : « C’est ce qui était à la fois compliqué et jubilatoire avec ce personnage : on ne doit jamais sentir que Muriel ment et qu’elle évolue dans sa propre vérité, en croyant à ses histoires… » Et l’actrice y arrive très bien. La réalisatrice s’est tournée vers un ami psychologue afin de l’aider à construire le personnage Muriel : « Muriel n’est pas malade au sens clinique. Elle est dans la fantaisie! J’ai donc demandé à mon ami ce qui se passerait si on faisait vivre à un mythomane une histoire extravagante, digne d’un mythomane. Il m’a dit : “Ça fera boum”! Et c’est vraiment ce qui arrive dans le film… »
Elle l’adore ne tombe pas dans le cliché de la fan hystérique. Un film plutôt amusant, mais non dépourvu d’intrigue. Et on peut difficilement prévoir la finalité de cette histoire improbable.
Note : 7,5/10
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