Présenté dans le cadre du Festival de films francophones Cinemania les 11 et 12 novembre, Les Combattants est le premier long métrage du réalisateur Thomas Cailley. Le film a notamment fait partie de la Sélection officielle au dernier Festival de Cannes, dans la catégorie Quinzaine des réalisateurs. Entre ses amis et l’entreprise familiale, l’été d’Arnaud (Kévin Azaïs) s’annonce tranquille… Tranquille jusqu’à sa rencontre avec Madeleine (Adèle Haenel), aussi belle que brusque, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien; elle se prépare au pire. Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé? C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux.
Bien que le titre soit Les Combattants et que l’armée soit au cœur des intérêts de Madeleine, le film ne porte pas vraiment sur l’armée, mais sur la relation particulière entre les personnages principaux. Le réalisateur expliquait d’ailleurs son choix : « Arnaud et Madeleine ne cessent jamais d’agir, d’avancer, d’inventer. Ils sont toujours en mouvement. D’où le titre, Les Combattants. » Arnaud n’avait pas le tempérament d’un combattant, mais son intérêt pour Madeleine le force à s’ouvrir à de nouvelles perspectives, dont il profite grandement. Il apprendra à repousser ce qu’il n’aime pas et à tout donner pour ce qui le passionne.
Le personnage de Madeleine apparaît d’abord très tranché. Elle aime ou elle n’aime pas et quand elle n’aime pas, elle frappe. En fait, peu de choses semblent l’intéresser et elle est convaincue qu’il est primordial de se renforcer devant l’imminence de la « fin ». Elle se soumet ainsi à un entraînement des plus rigoureux. Pressentie pour ce rôle, Adèle Haenel a rapidement convaincu le réalisateur en audition. Elle semble d’ailleurs partager certains traits de caractère avec son personnage : « Elle m’a parlé d’un entraînement au marathon qu’elle avait fait à Berlin, seule et en plein hiver, complètement sous-équipée, dans la neige. J’aime cette idée qu’on peut goûter à la liberté grâce à des contraintes qu’on est seul à s’imposer », confiait encore Cailly. La performance de Haenel est excellente, de même que celle d’Azaïs.
Le film est en quelque sorte divisé en trois parties : la rencontre et la relation d’amitié qui se développe entre Arnaud et Madeleine, le stage dans l’armée et l’expérience de survie en forêt. La nature a été l’inspiration première du réalisateur, qui a grandi en Aquitaine, et elle est très présente, qu’il s’agisse de la mer ou d’une forêt dense. Chacune des trois parties du film a ses caractéristiques de couleur. Dans la première, on est dans les tons froids de bleu avec la mer et la piscine. Dans la deuxième, c’est le vert de l’armée, mêlé à des bruns et des noirs. Et dans la dernière, en pleine forêt, les couleurs sont plus chaudes, par le vert de la végétation et le doré du soleil sur la rivière.
Les Combattants est l’histoire d’une complicité entre deux êtres que d’abord tout oppose, et qui leur permettra de s’ouvrir à tous les possibles.
Note : 8/10
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