Le dimanche 19 octobre à 20 h, dans le cadre du FNC, aura lieu une projection spéciale du film Pasolini d’Abel Ferrara. Ce long métrage a notamment fait partie de la sélection officielle du Festival du film de Venise. Ce qu’Abel Ferrara fait des dernières heures de Pier Paolo Pasolini (Willem Dafoe), mort assassiné sur une plage d’Ostie un rude soir de novembre 1975, déroute, intrigue, surprend, fascine puis finit par faire surgir une émotion intense. Et fait entendre la voix prophétique de Pasolini, qui annonçait quelque chose comme la faillite des sociétés capitalistes occidentales – peut-être celle que nous vivons actuellement.
La mort de Pasolini reste encore aujourd’hui énigmatique. Giuseppe Pelosi s’est livré pour le meurtre de Pasolini et a juré avoir agi seul. Mais, en 2005, il s’est rétracté et dit avoir menti de peur que les véritables meurtriers s’en prennent à sa famille. Mais Ferrara ne cherche pas à faire un documentaire, pas plus qu’une enquête sur le meurtre, il offre sa vision des choses, et met à contribution les œuvres de Pasolini.
On est alors en 1975, l’année de la sortie de son dernier film Salò ou les 120 jours de Sodome. Je dois avouer un peu honteusement que c’est le seul film de Pasolini que j’ai vu. Au début de Pasolini, quelques images de Salò sont montrées. Ses dernières entrevues sont aussi présentées. Son roman fragmentaire et controversé Petrolio, publié posthume, apporte également quelques éléments de réflexion sur le personnage, de même que son scénario de Porno-Teo-Kolossal, dont des images sont présentées en parallèle de la vie de son auteur, qui est enthousiaste à l’idée d’en commencer le tournage. Dans le scénario, le protagoniste suit une comète qui, croit-il, le mènera au Messie qui vient de naître.
On montre le quotidien de Pasolini, sa relation avec sa mère et ses proches. Homme tourmenté, il croit que nous sommes tous en danger. Il faut dire qu’avec les horreurs que décrivent les journaux, le monde peut nous sembler bien sombre. Le titre de ce billet est celui-là même que propose Pasolini au journaliste qui vient l’interviewer. Les œuvres de l’homme aux multiples chapeaux (poète, romancier, dialoguiste, acteur, critique et metteur en scène) étaient politiquement engagées et dénonçaient avec violence les abus de pouvoir.
Un mot tout de même sur Willem Dafoe. Il livre ici une très bonne performance. Il faut dire que l’acteur américain, qui parle couramment italien, s’est longuement préparé pour sa performance et a revu tous les films de Pasolini. Et on ne peut nier une certaine ressemblance physiquement entre lui et celui qu’il interprète.
Pasolini ne réécrit pas l’histoire, mais témoigne d’une grande sensibilité. Un bel hommage au réalisateur italien.
Note : 8/10
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